Ce court livre offre une étude des rapports entre art et politique à partir d’une analyse de quelques manifestes du XXe siècle. La dynamique contradictoire de Dada et l’évolution du surréalisme, entre le premier et le second manifeste sont mis en perspective. Bien sûr, la contrepartie du didactisme de cet essai est un manque de nuances – par rapport au manifeste Pour un art révolutionnaire indépendant dont l’auteur ne relève pas les ambiguïtés, les contradictions, ou en ce qui concerne les relations entre art et politique au sein de la société soviétique dans l’entre-deux-guerres, qui apparaissent autrement plus complexes que l’approche « classique » le laissait à penser – et une sorte de linéarité dans la succession des manifestes. De même, regrettera-t-on l’absence d’éléments sociologique des groupes québécois et d’analyses contextuelles (sur le début de la Guerre froide). Enfin, le livre souffre de plusieurs répétitions, qu’une relecture aurait du écarter.
Cela étant dit, l’intérêt et l’originalité de cet essai est de mettre en avant un double lien entre deux manifestes québécois des années 1947-1948, d’une part, et entre ceux-ci et le manifeste surréaliste contemporain - Rupture inaugurale - d’autre part. Par-là même, il rend compte de courants artistiques méconnus du Québec, et leurs relations avec le surréalisme (plus particulièrement français). L’auteur montre les limites politiques et la spécificité de l’automatisme de ces groupes par rapport à Breton. Il consacre également quelques pages éclairantes sur les tensions qui existaient alors avec le parti communiste local. Les illustrations ainsi que la couverture participent du plaisir de la lecture de ce bon livre de vulgarisation.