La Bande Noire : société secrète, mouvement ouvrier et anarchisme en Saône-et-Loire (1878-1887)

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Anarchisme

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L'historiographie récente du mouvement anarchiste français a suscité de nombreux débats, notamment celui concernant l'utilisation de la série M (administration) des archives départementales visant à construire une histoire du mouvement « par le bas »1. L'abondance des rapports des commissaires spéciaux, ou les échanges entre les préfets et le ministère de l'Intérieur permettent souvent de reconstituer un canevas de la vie quotidienne de ces hommes que la République tentait de surveiller.

À partir de la série M des archives départementales de Saône-et-Loire, il est possible de retracer l'histoire des balbutiements du mouvement anarchiste dans le bassin minier de Montceau-les-Mines et notamment d'une société secrète que les autorités ont qualifié de « Bande Noire ». Cette organisation est déjà connue de Jean Maitron2, qui l'étudie dans son chapitre sur « le rôle des anarchistes dans les mouvements de protestation populaire3».

Pourtant l'influence de l'anarchisme sur ce mouvement n'est d'abord qu'une facette d'un patchwork beaucoup plus complexe, comme le soulignait déjà Maitron en précisant : « [qu'] il serait faux [...] de croire que l'on se trouvait devant un mouvement anarchiste conscient4 ». Ce n'est qu'à partir des années 1883-1885 que les affiliés des bandes noires se rapprochent plus nettement de l'anarchisme. Ils entrent alors en relation avec les autres compagnons de la région. Si l'histoire atypique des ces bandes noires nous permet de mieux envisager les multiples « relations, chevauchements et glissements entre anarchisme, socialisme et syndicalisme5», elle nous apporte surtout des éléments de compréhension sur la genèse du mouvement anarchiste français. [C'est donc par une approche locale, qui se veut micro-historique, que nous souhaitons contribuer à étoffer l'historiographie du mouvement.]

Les Bandes Noires : un récit

« Je fus informé par la rumeur publique qu'une société secrète existait et tenait des réunions la nuit, dans un bois sur le territoire de la commune de St-Bérain-sous-Sanvignes. […] Cette société, dont plus de cent individus font partie, change souvent le lieu de ses réunions, ce qui me fait supposer qu'elle a des adhérents, non seulement à Montceau, mais peut-être aussi dans la direction du Creusot »6. À la date de ce rapport de gendarmerie, la « société secrète », semble déjà bien implantée dans le bassin minier de Saône-et-Loire. Il est très probable que la création de cette association ouvrière remonte à la défaite du prolétariat montcellien en février 1878. À l'époque, la grève des mineurs donne lieu à un conflit si violent que le préfet doit faire appel à la troupe pour ramener l'ordre. Abandonnés par les républicains modérés, dont le Dr. Jeannin récemment élu à la mairie de Montceau-les-Mines, les ouvriers décident alors de s'organiser contre ce que les historiens ont appelé « le système Chagot ». En effet, Jean Maitron montre que ce qui contribue à « surexciter » les ouvriers montcelliens est l'oppression politique et religieuse exercée sur eux par le patron des mines Léonce Chagot : « Je tiens à dire que je ne tolérerai jamais à Montceau de démonstration publique contre la religion et la société. Les ouvriers sont libres chez eux. Au dehors, j'entends qu'ils n'insultent pas à mes convictions et je le proclame ici hautement. »7.

Pour continuer la lutte, les ouvriers ne peuvent se réunir au grand jour du fait de la loi Le Chapelier qui interdit toujours la constitution d'association ouvrière. De plus, le paternalisme oppressant de Chagot ne saurait tolérer cette fronde, affront à son hégémonie sur le bassin houiller. C'est dans ce contexte que se constitue donc probablement « La Marianne », une société secrète que les autorités désigneront par le terme générique de « Bande Noire ».

Toutefois, dès la fin de l'année 1879, le Dr Jeannin réussit à obtenir les noms de certains des sociétaires afin de les pousser à mettre un terme à leurs agissements.

Pourtant, le retour de Jean-Baptiste Dumay8 au Creusot relance l'agitation socialiste en Saône-et-Loire. Un temps séduit par les théories anarchistes, c'est en tant que militant possibiliste qu'il revient au Creusot en 1880.

Peu de temps après son arrivée, il fonde la Fédération Ouvrière de Saône-et-Loire qu'il dote d'un journal : La Tenaille. Il entreprend ensuite de fonder des chambres syndicales sur l'ensemble de la Saône-et-Loire, pour cela il dispose à Montceau-les-Mines d'un terreau particulièrement favorable. C'est ainsi que des hommes comme François Juillet9 ou Antoine Bonnot10 prennent respectivement la tête de la « Santa Maria » et de la « Pensée » au Bois-du-Verne. Ainsi, en 1880 le mouvement ouvrier renaît des cendres de « la Marianne » à l'initiative de Jean Baptiste Dumay. Ces chambres d'orientation possibiliste proposent un programme relativement modeste : « Former un conseil syndical chargé de défendre les intérêts généraux de tous les ouvriers et les intérêts particuliers de chaque adhérent, régler amicalement les difficultés entre ses différents adhérents. Intervenir à l'amiable, épuiser tous les moyens de conciliation entre les ouvriers et les patrons, surtout en ce qui concerne le travail. [...] »11. Pourtant, on peut penser que ces groupements se composent d'individus issus de diverses tendances du socialisme et probablement de l'anarchisme12. Quoi qu'il en soit, des événements d'une tournure beaucoup plus radicale vont éclater à Montceau-les-Mines à partir de 1882.

En juillet 1881, lors du congrès de Londres, l'Internationale anti-autoritaire théorise la doctrine de la « propagande par le fait ». Il s'agit de « porter l'action sur le terrain de l'illégalité, qui est la seule voie menant à la révolution »13.

Dès 1882 à Montceau-les-Mines, cette doctrine va prendre le visage d'un anticléricalisme radical. La Bande Noire s'en prend à l'auxiliaire privilégié de Chagot : le clergé local, personnifié par le curé Gauthier. Il est vrai que l'homme d'église excite particulièrement les ouvriers par son dévouement envers le maître des mines. Roger Marchandeau explique que le curé Gauthier « essaie de combattre la Bande Noire en espionnant les habitants et en les dénonçant à la direction de la Compagnie. Sur son terrible calepin noir, il couche sans cesse les noms des mineurs qui refusent d'accepter la domination du maître ». Cette attitude lui vaudra de nombreuses menaces de la part de la Bande Noire : « Citoyen curé Gauthier, […] si tu n'as pas quitté le pays dans quarante-huit heures, nous te ferons ton affaire. On pourrait bien te sortir de ton écurie avec quelques grains de plomb dans la tête. La Bande Noire »14.

Dans les premières nuits de l'été 1882, de nombreuses croix sont mises à bas à grand renfort de dynamite. Ces tensions annoncent l'émeute orchestrée par les affiliés le 15 août 1882.

Le jour dit, à la tombée du jour, un groupe, avec à sa tête un jeune manouvrier du nom de Devillard, pille une armurerie au lieu dit le « Champ du Moulin » avant de rejoindre le gros de la bande au « Bois du Verne » pour distribuer les armes. C'est à partir de là, vers 22h, que commence une série d'attaques à la dynamite et à la hache contre la chapelle du hameau. Dès la première explosion, d'autres émeutiers surgissent des bois. La chapelle est pillée et incendiée. La bande, « au nombre d'environ deux cents», s'avance vers les villages voisins, drapeau rouge en tête, aux cris de « Vive la Sociale ! Mort aux bourgeois ! ». Apprenant que leur mouvement était isolé, les émeutiers se dispersent sur le chemin de Blanzy15. Dès le lendemain, la troupe est sur place. Les autorités procèdent à de nombreuses arrestations qui mèneront au premier procès des bandes noires prévu pour octobre 1882. Celui-ci sera finalement repoussé au mois de décembre, à la suite de l'attentat de l'Assommoir à Lyon. Ce premier procès des bandes noires constitue l'incipit d'un important mouvement de répression des menées anarchistes en France, dont le fameux procès des 66 à Lyon en janvier 1883.

Antoine Bonnot, l'ami de Jean-Baptiste Dumay est acquitté et rentre à Montceau dès janvier 1883. Ensemble, ils relancent la construction et le développement des chambres syndicales de la Fédération Ouvrière de Saône-et-Loire. Ils se présentent ensuite aux élections municipales de mai 1884 auxquelles ils échouent. Cet échec, combiné à la répression exercée contre les syndicalistes par Chagot, semble sceller la genèse du mouvement syndical dans la région. Dumay part ensuite s'installer à Paris à la fin de l'année 1884, ce qui a pour effet de marginaliser définitivement ce qu'on pourrait qualifier de « parti modéré » au sein des bandes noires.

Dans le même temps, une agitation beaucoup plus radicale se développe au cours des années 1883-1884. La Bande Noire va alors initier la « guerre sociale » contre les bourgeois et les traîtres. Durant les nuits de l'année 1883, les affiliés prennent pour habitude de rendre visite aux « mouches » supposées. On dénombre alors plusieurs attentats contre des mineurs à l'aide de petits engins dont le potentiel létal semble relativement faible. Ceci laisse penser que le but de la bande était d'abord de décourager de nouvelles vocations de mouchards par la « terreur » mais non par le meurtre16.

A contrario, les cibles plus « bourgeoises » de la Bande Noire, les ingénieurs par exemple, semblent avoir échappé de justesse aux bombes de l'organisation. L'ingénieur Michalovski voit sa maison dynamitée par trois fois : les 12 mai, 5 juin et 30 octobre 1883. Il échappe à chaque fois de justesse à la mort, bien que les bombes aient été posées de manière à faire exploser sa chambre à coucher. Contrairement à l'action menée contre les mouchards, un tel acharnement montre qu'ici le but est bien d' « assassiner du bourgeois » dans le cadre d'une lutte des classes.

Pourtant, aucune victime ne trouvera la mort durant ces deux années de dynamitage. L'aventure terroriste s'achève en novembre 1884, alors que le jeune Gueslaff17 tombe dans un piège tendu par un certain Brenin18, un agent provocateur recruté par le commissaire Thévenin de Montceau-les-Mines. Se sachant trahi, Gueslaff dénoncent de nombreux compagnons. Ce deuxième coup de filet aboutit à la condamnation d'une dizaine de personnes lors du second procès des bandes noires en mai 1885.

Avec cette deuxième vague d'arrestations, le mouvement semble amputé d'une bonne partie de ses forces agissantes. Si l'on note encore quelques dynamitages au début de l'année 1885, notamment contre le presbytère de Sanvignes et contre la grande tuilerie de Montchanin, la propagande par le fait semble tombée en désuétude.

Pourtant, les rapports des mouchards continuent de nous décrire un environnement assez dynamique. Des hommes comme Cottin19, Royer20 ou Michaud21, qui apparaissaient déjà dans les rapports de police, semblent alors prendre de l'importance au sein du mouvement. Ils se réunissent, reçoivent de la propagande et tentent bientôt de s'organiser. Résidant à Montceau-les-Mines et au Creusot, ils souhaitent rassembler l'ensemble des anarchistes de la région. Ils tentent alors de créer une fédération des groupes de Saône-et-Loire. Le 1er février 1885, plus d'une centaine de personnes se réunit à Torcy. Les compagnons proposent alors de faire tourner le lieu de leurs rencontres afin que tous les militants de la région puissent s'y rendre régulièrement. S'il on recoupe les comptes-rendus de ses diverses réunions qui ont lieu en 1885, on peut penser qu'il existait des groupuscules anarchisants dans les localités suivantes : Essertenne, Torcy, Montchanin, Blanzy, Ecuisses, Le Creusot et bien sûr Montceau-les-Mines. Cette construction sera relativement éphémère, car à la fin de l'année 1885, Cottin et Royer, deux des initiateurs de cette ébauche de fédération, appellent à voter pour la liste républicaine du Creusot. Cette défection porte un rude coup au mouvement qui n'inquiètera désormais plus les autorités. Cette épopée révolutionnaire trouve son dénouement avec la mort de Michaud, dernier homme important de « l'époque des bandes noires ». Gravement malade, il reçoit régulièrement la visite de ses compagnons. Les funérailles, le 27 juillet 1887, sont l'occasion pour ses compagnons de se « manifester dans la sphère publique »22. Un certain « Laurent », prend la parole et fait l'éloge du défunt en insistant sur son engagement au sein des sociétés de libre-pensée. Ceci peut laisser supposer que les socialistes et les anarchistes des bandes noires, très attachés à la lutte contre le cléricalisme, étaient sûrement massivement engagés au sein de telles associations.

Les Bandes Noires : une analyse

Le principal problème réside dans la formulation d'une définition convaincante du terme de « Bande Noires ». Ici, l'historien pourrait remettre en cause l'utilisation de ce terme générique utilisé par la police pour désigner indistinctement des groupes politiques différents : socialistes, syndicalistes ou anarchistes. Mais il regroupe aussi des pratiques différentes : réunion secrète, attentat, émeute, distribution de propagande... Cette méconnaissance des autorités les amènent donc à voir en Jean-Baptiste Dumay le leader « nihiliste23 » d'une organisation qui semble omniprésente dans la région : « La population d'Epinac espère que les justes peines qui ont été appliquées aux anarchistes de Montceau serviront d'exemple aux quelques affiliés de la bande noire qui existent dans notre localité.24». De plus, l'utilisation de ce terme pour désigner aussi bien les ex-grévistes de 1878 que les groupes clairement anarchisants des années 1885 nous donne l'impression d'une organisation monolithique et figée alors que les pratiques et les idées des groupes et des individus n'ont cessé d'évoluer au cours de ces années.

Une certaine cohérence existe pourtant dans ce terme de « Bande Noire ». D'abord, les passerelles semblent évidentes entre ces différents groupes politiques. Par exemple, en 1882, le compagnon Cottin est secrétaire de la chambre syndicale du Creusot dirigée par Dumay; dès 1884, il sera le principal entrepreneur des menées anarchistes dans la région. Il y a de plus une solidarité de fait entre les syndicalistes et les partisans de l'action directe. Ainsi, à « la réunion du 14 octobre 1883, elles [les chambres syndicales] demandent que chaque chambre syndicale de Montceau et Blanzy nomme une délégation de trois membres ayant mission de se rendre à la direction des mines de Blanzy pour inviter cette dernière à réintégrer dans leurs chantiers tous les citoyens renvoyés de leur travail à la suite du mouvement insurrectionnel d'août 1882.25». Mais si la police fait de nombreux amalgames, c'est aussi parce qu'en ce début des années 1880, les « frontières identitaires » entre socialisme, anarchisme ou syndicalisme sont très lâches. De nombreux « chevauchements et glissements26» s'opèrent entre ces groupes. Le terme de « Bande Noire » est donc finalement assez commode pour désigner l'ensemble des acteurs du mouvement révolutionnaire du bassin minier pour la période étudiée.

Pour mener une analyse approfondie, la question fondamentale reste donc celle de l'identité. Soulignons que la première société secrète repérée par les autorités est issue d'un mouvement de grève. Ainsi, dès l'origine, ce groupe humain s'inscrit dans l'histoire du mouvement ouvrier et des luttes sociales. « La Marianne27» affiche également sa filiation républicaine; le nom même du groupe étant déjà une provocation si l'on se replace dans le contexte local. En effet, depuis 1870, Léonce Chagot, bonapartiste proclamé, avait été réélu sans interruption à la mairie de Montceau-les-Mines. Il faut donc attendre l'élection du Dr Jeannin, républicain modéré, pour que la République pénètre dans le bassin minier. Dans ces conditions, la défense d'une République encore mal assise semble avoir été la première ambition de cette société secrète.

Gaetano Manfredonia montre que dans les années 1880, les anarchistes s'approprient la tradition révolutionnaire républicaine dont la Révolution française constitue l'archétype fondateur. Ainsi, lors d'une réunion, les compagnons Vitteaux28 et Cottin affirment qu'ils feront « la révolution les armes à la main comme pendant La Révolution29». À l'origine, la bande noire est d'abord un mouvement ouvrier qui inscrit sa lutte dans le cadre de la défense de leur « République imaginée30 », c'est à dire de « La Sociale ».

De 1878 à 1884, les influences politiques sont plurielles. Nous avons vu l'influence « Broussiste » ou possibiliste de la fédération ouvrière de Saône-et-Loire et des chambres syndicales construites à l'initiative de Jean-Baptiste Dumay dès 1880. Ce dernier contribue largement à l'agitation socialiste; il fait notamment venir Jean Allemane dans la région à plusieurs reprises pour des tournées de conférences.

Mais, on peut penser que certains militants des bandes noires sont également en contact avec les milieux anarchistes dès 1882. En effet, une lettre d'un certain « Guillaume », destiné à François Juillet, explique qu'il a été reçu comme convenu à Dijon par François Monod31: « Je fus bien reçu à Dijon, j'ai vu le citoyen Monod32». De plus, pour cette même année, un mouchard relate « l'initiation » de Toussaint Bordat33, anarchiste lyonnais, au sein des bandes noires. Le compagnon aurait préconisé la « propagande par le fait », en proposant aux affiliés de « détruire les puits de mines à grand renfort de dynamite »34.

Le microcosme de la Saône-et-Loire reproduit donc l'éternel débat quant à la réponse à apporter à la « question sociale » : révolution ou réformisme ? Or, dès 1879, le sous-préfet de Chalon-sur-Saône note l'existence de deux groupes au sein de la première société secrète, d'un côté des jeunes « prêts à passer à l'action » et de l'autre des hommes « dans la force de l'âge : 40-45 ans », « des pères de familles », garants d'une certaine modération. On peut dès lors penser que c'est sur cette dichotomie générationnelle que se fondent les ultérieures divergences de pratiques à l'intérieur des bandes noires. En effet, la moyenne d'âge des condamnés des deux procès des bandes noires est d'environ 25 ans. Ce sont donc les jeunes qui semblent avoir été majoritairement séduit par l'action directe proposée par l'anarchisme35.

Pour mieux appréhender l'histoire de l'anarchisme, Gaetano Manfredonia offre une nouvelle grille de lecture dans son ouvrage Anarchisme et changement social36. Il propose une typologie qui classe les anarchistes selon l'idée qu'ils se font du changement social. Émerge alors trois « idéaux-types » : insurrectionnalisme, syndicalisme et éducationnisme-réalisateur. Ainsi, l'émeute du 15 août 1882, « mouvement de protestation populaire » selon Maitron, peut être analysée comme une pratique se rapportant à l'idéal de « l'anarchisme-insurectionnel ». Il s'agit d'envisager le changement social par la rupture brutale et violente avec le « vieux-monde ». On veut « donner l'exemple » pour préparer le « Grand Soir » et l'avènement de la révolution sociale.

Pourtant, il serait faux de croire que l'on se trouve devant « un mouvement anarchiste conscient ». A l'instar du Révolté, on peut dire que la Bande Noire a « adopté instinctivement la tactique anarchiste37» pour lutter. Après l'émeute du 15 août 1882, toute la presse anarchiste s'approprie l'événement et salue ces hommes qui se sont révoltés « spontanément, sans chefs, sans mot d'ordre, sans consigne, en dehors de toute préoccupation politique, uniquement parce qu'ils en ont eu assez de leur oppression et de leur misère [...]38».

Il s'en suivra une répression sévère qui favorisera le rapprochement de la bande noire d'avec l'anarchisme. En 1884, « les groupes de Montceau » envoient une lettre publiée dans le Révolté, où ils revendiquent leur identité anarchiste. Ils se proposent alors de déclencher la « guerre sociale » contre les bourgeois. Les dynamitages des années 1883-1884 sont donc revendiqués par les anarchistes du bassin minier : « Instruits de l'expérience du passé, ce n'est plus à de simples croix et autres morceaux de pierre que nous voulons nous attaquer cette fois ci. Nous comprenons que ces emblèmes d'une religion morte, ne sont plus d'un grand danger pour nous; écrasons cette infâme bourgeoisie qui nous exploite et leur sert d'appui, et la vieille société corrompue qui nous opprime, attaquée dans ses bases, tombera d'elle-même, entraînant avec elle la pourriture cléricale [...]39». C'est donc via la praxis anarchiste que les membres de la Bande Noire vont progressivement affirmer leur identité anarchiste.

Mais ce cheminement vers une idéologie anarchiste peut être mis en parallèle avec une évolution progressive au niveau de l'organisation même du groupe. «L'action illégale et clandestine passe par un nombre assez limité de membres, une hiérarchisation interne et un cloisonnement fonctionnel marqués, une discipline rigoureuse, l'usage de signes de reconnaissance40». Dans sa première période (1878-1882), la Bande Noire semble avoir eu un fonctionnement assez proche de cet idéal type des sociétés secrètes du XIXème siècle. Par exemple, un rapport de la gendarmerie de Montceau-les-Mines stipule que: « les signes extérieurs (clignement de l'œil, serrement de main) employés par les membres sont ceux de la Franc-Maçonnerie. ». À ces signes de reconnaissance s'ajoutent des récits d'initiation assez extravagants comme le rapport du mouchard « Siméon » qui raconte avoir été entrainé dans les bois pour être initié : « Étant assis il m'a bandé les yeux puis nous sommes partis pour aller dans la tour ; là ils m'ont fait tourner dans l'eau41». Il est difficile de dire dans quelle mesure des déclarations comme celle-ci peuvent témoigner de la réalité de ces groupes, toujours est-il que les bandes noires sont marqués du sceau du secret. D'autres mouchards racontent que les nouveaux venus devaient « [prêter], un serment dans une forme convenue et solennelle, jurant sur le poignard de défendre la République.42» Le nom du groupe « La Marianne » serait alors justifié, il ne s'agit plus de « déstabiliser ou détruire par la force le régime en place [...]43» mais de prévoir la défense du nouveau régime : la République.

De plus, il semble que ce groupe réponde également au critère de « hiérarchisation » des sociétés secrètes : « Son organisation est la suivante : 1° : Un chef qui la dirige (la rumeur publique désigne le nommé Suchet, musicien); 2° : Dans chaque quartier, il y a une section ; 3° : Les sections sont divisées en deux ou trois escouades [...]»44 .

L'ensemble de ces éléments rappelle à la fois des organisations comme la franc-maçonnerie, la charbonnerie ou la Société des Saisons. Cela tend à prouver que la Bande Noire trouve dès l'origine sa filiation dans les sociétés secrètes républicaines du premier XIXème siècle.

Avant le procès de 1883, la Bande Noire ne ressemble alors en rien aux autres groupes anarchistes en formation à la même époque. Ainsi, au début des années 1880, la plupart des compagnons français n'entretiennent pas ce goût du secret et ce jacobinisme issues des sociétés secrètes. Au contraire, les groupes anarchistes « n'apparaiss[ent]absolument pas comme s'isolant de l'extérieur entre autre grâce à des rituels secrets » ou « à des signes de reconnaissance », ce sont des groupes largement ouverts qui tentent d'incarner un « idéal anti-autoritaire »45.

Après l'échec des chambres syndicales de Jean-Baptiste Dumay et l'affirmation d'une identité anarchiste par la Bande Noire, l'organisation semble s'ouvrir peu à peu. Au cours de l'année 1885, à l'initiative des groupes de Montceau-les-Mines et du Creusot, elle tente de construire une fédération de l'ensemble des groupes du département. En effet, les compagnons se réunissent à de nombreuses reprises dans différents villages de Saône-et-Loire pour tenter de s'organiser et de bâtir des projets. Par exemple, une réunion importante a lieu le 3 mai 1885 dans le petit village d'Essertenne. Une soixantaine de sympathisants se réunit et vote à l'initiative du compagnon Michaud, l'achat d'une petite presse pour la propagande46.

Même si les buts et les moyens mis en œuvre par les compagnons semblent avoir évolué au cours du temps, il ne s'agit pas d'opposer ces deux modèles. D'abord le modèle de la « société secrète » rappelle une organisation comme « la Fraternité » de Michel Bakounine qui voyait dans ce genre de pratique une manière possible de faire triompher l'anarchisme par une pratique souterraine. Ensuite, le goût du secret, du symbolisme et des rituels comme ceux de la franc-maçonnerie n'est pas totalement étranger à l'imaginaire anarchiste. De nombreux anarchistes de la fin du XIXème siècle ont été un temps tenté de rejoindre la franc-maçonnerie, comme les frères Reclus par exemple. De plus, certains anarchistes du XXème siècle, comme Léo Campion, ont rapproché les idéaux anarchistes et franc-maçons47.

A l'inverse, la tentative de fédération des compagnons dans les années 1884-1885 ne semble pas pouvoir être pleinement qualifiée « d'anti-autoritaire », dans le sens où il semble que les initiateurs de ce mouvement aient gardé une certaine domination sur celui-ci. Par exemple, alors qu'un attentat vient d'avoir lieu à Sanvignes, le commissaire spécial du Creusot explique que « Cottin s'est fâché de ce que le comité n'avait pas été prévenu lors de la récente explosion» et quelques jours plus tard, une nouvelle réunion décide que « les groupes sont contre l'action individuelle et prônent l'exclusion de ceux qui s'y adonneraient ». La Bande Noire semble bien avoir voulu conserver une volonté d'action collective, comme en témoigne la préparation minutieuse par les groupes d'une nouvelle émeute au début de l'année 1885. On peut penser que dans l'imaginaire des anarchistes du bassin minier, le « grand soir » approchait à grand pas.

Pour préparer la révolution, les anarchistes de Saône-et-Loire ne sont pas seuls. De nombreuses solidarités régionales notamment avec Dijon et Lyon se sont créées au fil du temps. Par exemple, un homme comme François Monod, l'anarchiste dijonnais, est probablement en contact avec les ouvriers de Saône-et-Loire depuis le début des années 1880. Brocanteur de son état, il semble avoir été un temps séduit par la propagande socialiste. En effet, Monod colporte La Tenaille au début des années 188048. Or, ce journal est l'organe de la Fédération Ouvrière de Saône-et-Loire fondée par Jean Baptiste Dumay. Il semble fort improbable que les deux hommes n'aient pas été en relation dès le début des années 1880. En 1884, Monod affirme ses idées anarchistes alors qu'il rédige son placard : « Pourquoi il y a des anarchistes ? D'où vient la misère ? »49. Il anime alors un groupuscule anarchiste à Dijon. Il devient un militant très actif; on pourra ainsi retrouver sa trace dans l'ensemble de la région.

Dès septembre 1884, il tient une conférence à Lyon, lors d'une réunion des ouvriers sans travail. Il sera repéré par les services de police pour la violence de son discours. Il en profitera néanmoins pour largement distribuer des exemplaires du dit placard50.

En juillet 1885, il est en Saône-et-Loire. Il donne une conférence au lieu dit « La Croix du Mats » aux alentours de Blanzy, devant plus de 70 affiliés de la Bande Noire. Cette réunion paraît très importante pour le mouvement de Saône-et-Loire. En effet, Monod aurait suggéré aux anarchistes de ne se réunir qu'en petit comité afin d'échapper à la répression. La Bande Noire semble avoir entendu les conseils du compagnon : l'été 1885 marquera la fin des grandes réunions dans les bois et les villages du bassin minier51.

Monod héberge régulièrement des individus de passages à l'instar du compagnon « Guillaume » cité précédemment52. En 1885, il aurait reçu un certain « Berthoud ». Est-ce le même Vincent Berthout, militant anarchiste lyonnais, que l'on retrouve en tournée de conférence en Saône-et-Loire en septembre 1884 ? Toujours est-il que les anarchistes de Dijon, de Saône-et-Loire et de Lyon semblent être en étroite collaboration pour la propagande. De plus toujours, d'après l'article de Vivien Bouhey qui se focalise sur la Côte d'or « les contacts de Monod avec des anarchistes de Genève sont plus que probables dès 188453 ».

Au niveau des sources, les archives départementales nous montrent que les anarchistes de la région ne sont pas simplement « en contact » ce qui paraît normal, mais qu'ils ont réussi à s'entendre et à créer un « réseau » suffisamment consistant pour redistribuer du matériel de propagande. Par exemple, le manifeste des Dijonnais « Pourquoi il y a des anarchistes ? D'où vient la misère ? » est affiché début 1885 à Montceau, au Creusot, à Tournus, à Essertenne, à Perreuil54... Mieux, le « Manifeste anarchiste-International antipatriotique » signé : « Les groupes anarchistes révolutionnaires de Londres : Allemands, Italiens, Espagnols, Russes, Polonais, Autrichiens, Anglais, et Irlandais, Genève, imprimerie jurassienne[...] » que Vivien Bouhey retrouve sur les murs de Dijon en 1886, est affiché en Saône-et-Loire en même temps que le manifeste des Dijonnais55. La Bande Noire alors animé par Michaud et Cottin travaille probablement de concert avec Monod et les compagnons dijonnais au développement de la propagande anarchiste.

À partir de septembre 1885, les anarchistes de Saône-et-Loire affichent un nouveau placard : « le manifeste électoral de 1885 » dans lequel ils prônent l'abstention pour les élections législatives d'octobre. Le placard est signé des « groupes anarchistes des régions de l'Est ». Ce placard est-il l'œuvre d'une ébauche de fédération anarchiste régionale ? N'est-il qu'une tentative de la part d'une poignée de compagnons de donner de l'importance à leur mouvement ? Rappelons que François Monod est peut-être tout seul lorsqu'il rédige le placard « Pourquoi il y a des anarchistes ? D'où vient la misère ? » et qu'il signe « Les groupes anarchistes de Dijon »56.

La genèse du mouvement anarchiste en Saône-et-Loire à travers l'exemple des Bandes Noires montre bien l'enracinement initial de l'anarchisme dans une double culture républicaine et socialiste. Filiation républicaine d'abord, dès la première société secrète, alors que Marianne et la Marseillaise représentent « le point de ralliement de toutes les subversions, de toutes les révoltes57». Une fois la république bourgeoise installée, certains anarchistes dénonceront alors « Marianne la Salope ». Pourtant les compagnons continuent de défendre « La Sociale ».

Filiation socialiste ensuite, car les liens entres les hommes et les idées sont encore très forts au début des années 1880. Si des divergences de pratiques évidentes amènent le mouvement à « s'arracher avec douleur de l'arbre socialiste58 », les frontières identitaires restent longtemps très lâches et perméables entre anarchisme, socialisme et syndicalisme. Un homme influent comme Jean-Baptiste Dumay, socialiste possibiliste, estime que les émeutiers du 15 août 1882 sont allés trop loin et mettent en péril la toute jeune Fédération Ouvrière de Saône-et-Loire. Pourtant, cela n'empêche pas les chambres syndicales de Montceau et de Blanzy d'être solidaires du mouvement, ni la presse anarchiste de saluer la spontanéité de l'émeute du 15 août malgré qu'elle ne soit pas le fait d'anarchiste conscient. Par la propagande par le fait, la praxis anarchiste59 achève de distinguer l'anarchisme du socialisme. Les compagnons prennent alors conscience de faire partie de la « famille anarchiste ». Ils s'organisent et se rapprochent du reste du mouvement notamment en travaillant avec les compagnons de Dijon et de Lyon. Cette esquisse d'un réseau anarchiste « des régions de l'Est », même s'il est probablement en « perpétuel recomposition60» du fait de la répression, notamment à cause du procès des 66 en 1883, du procès des Bandes Noires en 1885 ou de l'arrestation de Monod en 1887, montre que le mouvement est loin de n'être qu'un agrégat de groupes « repliés sur eux-même ».

Notes

1 Voir l'ensemble des travaux de Vivien Bouhey et notamment sa thèse les anarchistes contre la République. Retour au texte

2 Voir J. Maitron, Le Mouvement anarchiste en France. 1, des origines à 1914, Paris, Gallimard, 1992. Retour au texte

3 Ibid, p151-182 Retour au texte

4 Ibid, p162. Retour au texte

5 TARTAKOWSKY Danielle, «Compte rendu de Vivien Bouhey, Les Anarchistes contre la République [...]» publié dans www.histoire-politique.fr, le 22/10/2009. Retour au texte

6 AD/M283 : Rapport de la gendarmerie de Montceau-les-Mines transmis au préfet de Saône-et-Loire – 7 août 1789. Retour au texte

7 Voir J. Maitron, op.cit., p160 – déclaration de Léonce Chagot lors du premier procès des « Bandes Noires ». Retour au texte

8 Jean-Baptiste Dumay (1841-1926). Originaire du Creusot. Dès 19 ans, son militantisme le fait renvoyer des usines Schneider. Il ne revient dans sa ville natale qu'en 1868 et devient animateur du comité républicain local. Militant de l'Internationale, il doit s'exiler en Suisse en 1871 après avoir été élu maire de l'éphémère Commune du Creusot. Retour au texte

9 François Juillet (1857-?) Originaire de Montceau-les-Mines où il devient ouvrier mineur. Il s'implique rapidement dans la lutte contre Chagot via la création de chambres syndicales au côté de Dumay. Il est condamné lors du premier procès des bandes noires en 1882. Dès sa sortie de prison en décembre 1883, il se rapproche des milieux libertaires. Retour au texte

10 Antoine Bonnot (1848-?) Originaire de Montceau-les-Mines où il est ouvrier forgeron. Militant syndicaliste et possibiliste sincère, il se lie d'amitié avec Dumay dont il devient le «lieutenant» lors de la création des chambres syndicales. Il réussit à prouver son innocence lors du premier procès des bandes noires. Il continue alors la lutte en présentant une liste socialiste aux éléctions municipales de 1884. Retour au texte

11 Citation issue de l'introduction d'un exemplaire d'un livret d'adhérent à la chambre syndicale du Creusot, retrouvé in AD/M283. Retour au texte

12 François Juillet est probablement déjà en contact avec François Monod, «l'anarchiste dijonnais», dès le début des années 1880. Retour au texte

13 Résolution du congrès de Londres cité par J.Maitron op.cit., p114. Retour au texte

14 Pièce à conviction citée lors du procès de Châlon-sur-Saône in BATAILLE Alain, Causes criminelles et mondaines 1882, E. Dentu, 1883. Retour au texte

15 Voir aussi A Bataille, Causes criminelles et mondaines 1882, E.Dentu, 1883. Retour au texte

16 Voir l'ensemble des rapports du lieutenant de gendarmerie Mouthe conservé in AD/M283. Retour au texte

17 Gueslaff (1867-?) Probablement originaire de Montceau-les-Mines où il travail comme manouvrier. Retour au texte

18 Claude Brenin (1851-?) Il est originaire de Montceau-les-Mines où il est ouvrier mineur. Agent provocateur à la solde du commissaire Thévenin, il contribue à organiser l'attentat orchestré par la police pour prendre la bande en flagrant délit. Retour au texte

19 Cottin (1866-?) Dès 1881, il est repertorié à maintes reprises comme secrétaire de la chambre syndicale du Creusot et donc potentiellement proche de Dumay. Après les troubles de 1882, il s'exil à Paris où il participe à la manifestation de la place de la Bourse. De retour dans le bassin minier, il devient un des hommes importants du groupe anarchiste de Montceau-les-Mines à partir de 1883. Retour au texte

20 Royer (1842-?). Il est armurier-coutelier à Montceau-les-Mines. Il aurait contribué à armer les émeutiers de 1882. Les anarchistes se réunissent souvent chez lui dans les années 1884-1885, notamment pour obtenir de la propagande et des journaux comme Terre et Liberté et Le Révolté. Retour au texte

21 Michaud Pierre (1851-1887). Il est ouvrier au Creusot. Arrêté à la suite de l'émeute d'août 1882, il est impliqué dans le procès des 66 en 1883. Condamné à une légère peine de prison, il rentre au Creusot probablement à la fin de l'année 1883. Il devient alors un des principaux meneurs anarchiste jusqu'à sa mort en 1887. Retour au texte

22 Voir E. Fureix, «Banques et enterrements» in Becker (dir.) et Candar(dir.), L'histoire des gauches en France, Paris, la découverte, 2004. Retour au texte

23 AD/M283 : Rapport du commissaire spécial du Creusot au Préfet de Saône-et-Loire – 21 septembre 1882. Retour au texte

24 AD/M284 : Rapport du commissaire de police d'Epinac au sous-préfet d'Autun – 4 juin 1885. Epinac est situé à plus de 50km de Montceau-les-Mines et ce document est loin d'être le seul rapport d'un commissariat local qui semble s'inquiéter de voir des «affiliés de la bande noire» dans sa localité. Retour au texte

25 Voir Roger Marchandeau, «Les bandes... op.cit, p105. Retour au texte

26 Danielle Tartakowsky, op.cit. Retour au texte

27 Il semble que c'est le nom choisit par les affiliés de la toute première société secrète de 1878 (ou première bande noire). Retour au texte

28 Philippe Vitteaux (1845-1899). Charron à Blanzy, il s'implique dans les chambres syndicales de Jean-Baptiste Dumay dès 1881. Probablement tenté un temps par l'anarchisme, il se tourne définitivement vers le possibilisme après le deuxième procès des bandes noires. Il contribuera d'ailleurs à l'organisation d'une tournée de conférence de son viel ami Jean-Baptiste Dumay en Saône-et-Loire en septembre 1890. Retour au texte

29 AD/M284 : Rapport du commissaire spécial du Creusot au préfet – 8 Janvier 1885. Retour au texte

30 Voir V. Duclert, La République imaginée 1870-1914, Paris, Belin, 2010. Retour au texte

31 François Monod, dit «L'Anarchiste dijonnais» (1849-1907). Brocanteur et propagandiste anarchiste. Fondateur du premier groupe d'études sociales de Dijon, il devient anarchiste au début des années 1880. Le rôle de cet homme est ensuite fondamental dans l'animation du mouvement anarchiste à l'échelle régionale. Retour au texte

32 AN/F712526 : Voir copie de la lettre de «Guillaume», probablement un affilié des bandes noires à François Juillet, 1882. Retour au texte

33 Toussaint Bordat (1854-?). Ouvrier tisseur Lyonnais. D'abord socialiste, il est élu en 1878 à la commission de propagande du Parti ouvrier socialiste (Fédération de l'Est). En 1880, il représente les Lyonnais au congrès du Havre qui adopte un programme marxiste. En déssacord avec les guesdistes qu'il accuse de «suffragisme», il s'oriente vers l'anarchisme dès 1881. Il crée alors une fédération révolutionnaire Lyonnaisse qui rasssemble les anarchiste de Lyon et des environs. Il devient alors un acteur fondamental du mouvement anarchiste locale et régionale dans les années 1880 malgré son incarcération de 1883 à 1886 à la suite du procès des 66. Retour au texte

34 AN/F712526 : Rapport d'un mouchard, daté seulement de «1882». Retour au texte

35 D'après les annexes de E.M GERMAIN, Le mouvement anarchiste en Saône-et-Loire, mém. maît. hist.cont. Univ. de Bourgogne, 2010. Retour au texte

36 Gaetano Manfredonia, Anarchisme et changement social,Lyon, Atelier de création libertaire, 2007. Retour au texte

37 Le Révolté n°14, 16 septembre 1882. Retour au texte

38 idem. Retour au texte

39 Le Révolté n°17, 28sept-11oct 1884. Retour au texte

40 Voir T. Bouchet, « Les sociétés secrètes pendant la monarchie censitaire » in BECKER J-J (dir.) et CANDAR G. (dir.), Histoire des gauches en France T1 : l'héritage du XIXe siècle, Paris, La Découverte, 2004. Retour au texte

41 AD/M283 : Rapport du mouchard «Siméon, mineur à Montceau-les-Mines». - Probablement 1879. Retour au texte

42 AD/M283 : Rapport du sous-préfet de Chalon-sur-Saône au Préfet – 23 août 1879. Retour au texte

43 T. Bouchet, op.cit, p161. Retour au texte

44 AD/M283 : Rapport du sous commande de gendarmerie de Montceau-les-Mines à son commandant – 9 août 1879. Retour au texte

45 V. Bouhey, « Le mouvement anarchiste à travers les sources policières de 1880 à 1914. » (http://raforum.infospip.php?article6176). Retour au texte

46 AD/M284 : Rapport du commissaire spécial au préfet – 5 mai 1885. Retour au texte

47 Voir Léo Campion., Le Drapeau noir, l'équerre et le compas, Edition Alternative Libertaire, 1969. Retour au texte

48 Vivien Bouhey, «Le Mouvement anarchiste à travers les souces policières, l'exemple de la Côte d'Or» (http://raforum.infospip.php?article6176) Retour au texte

49 Ibid. et M. Moreau, Le mouvement anarchiste dijonnais, mém. de maitrise en hist.cont., Univ. de Bourgogne, 1994. Retour au texte

50 Voir V. Bouhey, op.cit. Retour au texte

51 Voir .E.M. Germain, op.cit. Retour au texte

52 Voir supra. Retour au texte

53 V. Bouhey, op.cit. Retour au texte

54 Voir l'ensemble de AD/M284. Retour au texte

55 Voir AD/M284 : Rapport du commissaire de police du Creusot au préfet – 21 février 1885. Retour au texte

56 Voir V. Bouhey, op.cit. Retour au texte

57 Voir M. Vovelle, La Marseillaise ; la guerre ou la paix, in P. Nora(dir.), Les lieux de mémoire, Tome 1 : La République, Paris : Gallimard, 1997. Retour au texte

58 V. Bouhey, Les anarchistes contre la république, Rennes, PUR, 2008, p36. Retour au texte

59 G. Manfredonia, op.cit., p21 sqq. Retour au texte

60 V. Bouhey, «Le Mouvement anarchiste à travers les souces policières, l'exemple de la Côte d'Or» (http://raforum.infospip.php?article6176) Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

Emmanuel Germain, « La Bande Noire : société secrète, mouvement ouvrier et anarchisme en Saône-et-Loire (1878-1887) », Dissidences [En ligne], 3 | 2012, publié le 02 mars 2012 et consulté le 23 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=215

Auteur

Emmanuel Germain