« Déclaration. Ce que nous voulons », La Bataille socialiste, 10 juin 1927.

Index

Mots-clés

Socialisme

Plan

Texte

Présentation

Un premier groupe nommé le Groupe de résistance socialiste naît en novembre 19261. Suivant l'exemple belge, le groupe devient la Bataille Socialiste en janvier 1927. Elle organise d'abord des conférences avant de présenter sa propre motion au congrès socialiste de Lyon en avril 1927. Ce texte est la déclaration en tête du premier numéro de la Bataille socialiste, organe éponyme de la tendance. Ce texte se place sous les auspices de la motion C du congrès de Lyon qui se présente derechef non comme un texte de circonstance mais comme une synthèse du socialisme de classe, révolutionnaire, prolétarien, internationaliste2. En se plaçant sous le patronage de Jaurès, Vaillant et Guesde, les rédacteurs du texte souhaitent éviter d'être identifiés à l'une ou l'autre des fractions socialistes d'avant 1905, en somme d'éviter le procès en guesdisme. Ce texte se place sous l'égide de la motion d'Amsterdam pour souligner la croissance des antagonismes de classe comme source d'affrontement entre le socialisme et le bloc conservateur. Aussi, de cette position découlent les rapports avec les autres partis : bourgeois et communistes. Fort logiquement, le texte de la motion se divise en deux parties : antagonisme croissant entre les partis de démocratie bourgeoise et le parti socialiste puis Pour l'unité politique ouvrière.

Nouvelle venue dans la sfio, la tendance propose des éléments d’identité dont l’adoption modifierait la configuration du Parti socialiste. Minorité elle publie une revue pour rendre lisible dans l’espace public socialiste ses propositions. La revue est un instrument didactique destiné à présenter des outils de réflexion aux militants. Les militants de la tendance l’utilisent pour donner à voir les bases de la tendance.

Document

« En faisant paraître cette publication mensuelle, les fondateurs veulent avoir à leur disposition un moyen d’action qui leur est nécessaire pour continuer la tâche qu’ils ont entreprise et qu’ils veulent poursuivre dans l’intérêt exclusif du Parti auquel ils sont attachés.

Contre l’affaiblissement de la conception générale d’action de classe, qui s’est manifestée dans les diverses formes de l’activité du Parti, ils veulent agir vigoureusement et ils pensent que les évènements en mettant en relief l’accentuation des antagonismes de classe, indiquent au socialisme sa véritable voie –la marche du socialisme s’accomplira par la lutte croissante, croissante en étendue et en profondeur, qui met aux prises la Classe ouvrière et la Bourgeoisie.

Cette idée motrice guidera et inspirera cette publication ainsi que l’action de ses fondateurs dans l’examen des problèmes de méthode et de tactique qui se posent à chaque moment devant le Parti.

Elle explique l’opposition constante déployée par eux vis-à-vis des aspects multiples d’une politique de collaboration, toujours décevante parce que toujours utopique, pratiquée avec certains éléments de la bourgeoisie.

Elle explique également leur résistance à se laisser dominer par un empirisme vague et sans consistance par lequel le parti est contraint à ne plus suivre une orientation claire et perceptible à l’intelligence et à la sensivité des masses qu’il doit grouper autour de lui et avec lequel il donne la sensation d’être constamment ballotté et tiraillé au gré de circonstances occasionnelles, superficielles et changeantes.

Le véritable réalisme révolutionnaire réside, en réalité, dans la pratique d’une action imprégnée des caractères fondamentaux du socialisme puisque ceux-ci sont contrôlés, vérifiés, raffermis par l’évolution historique et économique du capitalisme.

La diffusion et la pénétration dans le parti d’un telle conception d’ensemble de doctrine, de méthode et de tactique que les fondateurs de cette publication ont, déjà, à plusieurs reprises, défendus dans les assemblées nationales du parti et dont ils ont essayé de donner une traduction dans la motion dénommée motion C, lors du Congrès de Lyon, est donc la raison d’être de la « Bataille socialiste » qui paraîtra une fois par mois.

Elle comprendra deux parties essentielles. Dans l’une seront insérés des articles de chroniques ayant trait à la vie politique, parlementaire, économique, sociale, syndicale, internationale, qui auront pour objectif l’éducation socialiste des militants et la justification par l’analyse du fait des conceptions doctrinales et tactiques défendues par la « Bataille socialiste ».

Dans l’autre seront contenues des informations et des renseignements sur la vie du parti, le fonctionnement de ses organismes afin de tenir au courant les militants de l’effort accompli par les camarades qui prennent la responsabilité de lancer cette publication. Ils estiment en effet utile de donner une exacte interprétation.

Est-il besoin d’ajouter que la « Bataille socialiste », fait par des militants socialistes pour des militants socialistes aura toujours au premier rang de ses préoccupations le souci de l’entente du Parti, donc de son unité, l’observation scrupuleuse de la moralité socialiste dans tous les domaines de l’activité collective et individuelle de ses rédacteurs, et la volonté d’observer vis-à-vis de tous les camarades du Parti, la loyauté, la fraternité, la solidarité, indispensable à la sauvegarde et au développement de notre patrimoine commun : Le Socialisme.

Notes

1 Pour les conditions de naissance de la bs en décembre 1926/janvier 1927 nous suivons les conclusions d'Eric Nadaud, Une tendance de la sfio : la Bataille Socialiste 1921/1933, Thèse d’histoire, Université de Paris X, 1988, p.117-120. Retour au texte

2 Les citations sont empruntées au texte de la motion. Retour au texte

Citer cet article

Référence électronique

« « Déclaration. Ce que nous voulons », La Bataille socialiste, 10 juin 1927. », Dissidences [En ligne], 1 | 2011, publié le 23 mars 2011 et consulté le 24 novembre 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=121