Les politologues et les média écossais ont souvent eu tendance à user du qualificatif d’« historique » afin de commenter les résultats des élections au parlement de Holyrood. Le tout premier scrutin du genre, en 1999, avait à juste titre reçu ce qualificatif, en raison de son caractère inédit, et de la nouvelle phase de dévolution politique qu’il inaugurait pour l’Écosse. Les élections suivantes, quatre ans plus tard, avaient été analysées par les commentateurs comme marquantes car fortement atypiques, de par l’émergence inattendue des petites formations et l’avènement d’un ‘Rainbow Parliament’ pluriel et original au pays du bipartisme roi. Enfin le scrutin de 2007, qui a vu pour la première fois le parti nationaliste arriver en tête en termes de suffrages comme de sièges, avait été unanimement décrit comme un moment « unique » dans l’histoire politique écossaise. Au vu des résultats enregistrés en mai 2011, force est de constater que, plus encore que tous ses devancières, cette consultation restera dans l’histoire écossaise comme un évènement politique majeur, incitant tous les observateurs à relativiser a posteriori le caractère historique des précédents scrutins.
Ces élections, les quatrièmes dans l’histoire du Parlement écossais, ont en effet été caractérisées par trois évènements inédits et de première importance pour la vie politique de l’Écosse contemporaine : la fin de l’hégémonie historique du parti travailliste, la suprématie électorale nouvelle du Scottish National Party, enfin l’avènement du premier gouvernement nationaliste majoritaire.
1. Une participation toujours médiocre, un quadripôle plus que jamais dominant
Les élections de mai 2011 ont tout d’abord confirmé certaines tendances lourdes, enregistrées lors des précédents scrutins. Ainsi la participation électorale, à peine supérieure à la moyenne (50,5%) a une nouvelle fois été médiocre, et comparable à celle d’un simple scrutin local. Elle est même en régression d’environ 3,5 points par rapport à la moyenne des trois scrutins précédents, plus proche des basses eaux des élections de 2003 (49,7%) que du record enregistré lors du premier scrutin de 1999 (58,8%).
D’autre part la scène politique écossaise, à la différence de l’anglaise, se décline toujours en quadrichromie. Travaillistes, conservateurs, libéraux-démocrates et nationalistes se partagent l’essentiel des suffrages, au détriment des petites formations. Ce quadripôle électoralement hégémonique est lui-même constitué de deux tandems, l’un, dominant, formé par le couple Labour/SNP, l’autre, de moindre importance, associant Lib-dems et Tories. A l’intérieur de ces bipôles, la concurrence électorale est particulièrement forte, dans le premier cas dans le but de conquérir « l’âme de l’Écosse » et d’accéder au pouvoir, dans le deuxième afin de préserver des positions électorales souvent liées à des situations politiques personnelles, et de constituer une force d’appui dans le cadre d’une majorité de coalition à Holyrood. Par rapport aux scrutins précédents, la part de ces quatre grandes formations écossaises dans la répartition totale des votes n’a jamais été aussi forte : en mai 2011, les autres formations ne représentaient qu’à peine 1% des voix au scrutin majoritaire, et 12% au scrutin de liste, contre une moyenne de respectivement 4,8% et 16% lors des trois précédentes consultations de ce type (cf. tableau en annexe).
En termes de représentation, la marginalisation des formations extérieures au quadripôle dominant est particulièrement manifeste : seuls 3 sièges, tous obtenus au scrutin de liste, sur les 129 que compte le parlement de Holyrood, sont occupés par les petites formations, à savoir les écologistes (2 sièges) et un candidat indépendant. Le scrutin de 2011 confirme donc les tendances déjà enregistrées en 1999 et 2007, où 3 sièges également avaient été obtenus par les petits partis. Et la consultation de 2003, qui avait vu ces derniers obtenir près de 10% des voix, gagner 2 sièges au scrutin majoritaire et remporter un total de 17 élus, constituait bien une exception « historique » à la règle.
2. La fin de l’hégémonie historique des travaillistes
Si le SNP sort grand vainqueur du scrutin, en contrepartie les trois autres grandes formations enregistrent des résultats en régression, ce qui a eu pour conséquence immédiate la démission de leurs fonctions de leurs leaders Ian Gray (pour les travaillistes), Annabel Goldie (pour les conservateurs) et Tavish Scott (pour les libéraux-démocrates).
Les travaillistes tout d’abord sont en net recul et pour la première fois largement distancés par les Nationalistes. Toutes voix confondues, le Labour enregistre en 2011 1.154.020 suffrages, contre 1.779.336 pour le SNP, soit un tiers environ de plus. Le déclin électoral des travaillistes est le résultat d’un processus régulier, et qui se manifeste de façon comparable dans les deux votes (scrutin de circonscription majoritaire First Past The Post et scrutin proportionnel de liste régionale). Entre la consultation initiale de 1999 et celle 2011, le Labour a lentement mais inexorablement cédé de l’influence, perdant au total 7 points environ au scrutin majoritaire comme au scrutin de liste (cf. tableau). Si en 2007 son implantation locale lui avait permis de conserver la représentation politique la plus forte des quatre grandes formations au scrutin majoritaire (37 élus sur 73) tout en étant légèrement devancé en voix par le SNP, la poursuite de sa régression en 2011 a fait basculer nettement le rapport de force en faveur du parti d’Alex Salmond. Avec seulement 15 sièges obtenus au scrutin FPTP contre 53 pour les Nationalistes, le Labour est désormais et pour la première fois largement distancé par le SNP sur le terrain même où il avait construit sa domination historique.
Ce recul sensible des travaillistes en Écosse traduit une perte de confiance de l’électorat dans sa capacité à gouverner l’Écosse, et à produire un programme original bien différencié de celui du SNP, au pouvoir à Holyrood depuis 2007 quoique dans une configuration minoritaire. Il exprime aussi des incertitudes quant au leadership travailliste, face à la « stature présidentielle » du leader du parti nationaliste et First Minister Alex Salmond. Les enquêtes électorales ont montré le basculement de nombreux électeurs (80.000 selon les estimations) des travaillistes vers les nationalistes lors des derniers jours précédant le scrutin, en soulignant l’effet contreproductif pour le Labour d’une rhétorique largement négative et visant essentiellement leur ‘hard-core voters’, par opposition à la dynamique positive et de rassemblement promue par le SNP. Elles ont aussi mis en évidence l’erreur stratégique de la campagne travailliste, misant sur le retour au pouvoir des conservateurs à Londres pour attirer l’électorat écossais dans un mouvement de protestation, plutôt que dans une perspective d’adhésion à une vision et un programme pour le prochain mandat du Parlement décentralisé de Holyrood.
Sur la carte électorale, ce déclin des travaillistes est particulièrement marquant : le Labour n’a plus de sièges de MSP (Member of the Scottish Parliament) dans la région Fife, et deux seulement au nord de Glasgow (Dumbarton et Cowdenbeath). Il perd notamment au profit du SNP ses deux circonscriptions symboliques de Glasgow Anniesland (autrefois occupée par Donald Dewar) et Kirkcaldy (la ville natale de Gordon Brown). Dans ses bastions urbains et (post)-industriels du Central Belt, son hégémonie électorale longtemps sans partage est désormais révolue.
Le recul sensible des travaillistes sur la scène électorale écossaise n’a pas profité aux autres formations de l’opposition au gouvernement minoritaire SNP. Les libéraux-démocrates ont connu lors de ce scrutin la plus forte baisse enregistrée parmi les grandes formations écossaises. Par rapport à 2007, leur résultat a été divisé par 2 en termes de votes ‒ de façon comparable aux deux scrutins ‒ et par 3 en termes de sièges (cf. tableau). Avec seulement 2 sièges obtenus au scrutin majoritaire ‒ gagnés dans les circonscriptions très périphériques des Shetland et des Orcades ‒ et un total d’à peine 5 élus, ils sont désormais complètement marginalisés à Holyrood. Les Lib-Dems écossais ont payé au prix fort la participation du parti de Nick Clegg à la coalition gouvernementale avec les conservateurs à Londres, très impopulaire ‘north of the border’, ainsi que le revirement du parti sur des enjeux importants comme les droits d’inscription universitaires. Une bonne partie de l’électorat libéral-démocrate s’est détournée de la formation centriste au profit des travaillistes et surtout du SNP, qui a ainsi récupéré 9 des 11 sièges que les libéraux-démocrates détenaient précédemment grâce au scrutin majoritaire. Le faible score des Lib-dems – combiné à celui des Verts – au scrutin régional (inférieur à 6% pour les deux partis), a libéré un nombre plus important qu’auparavant de sièges de listes au profit des travaillistes et des nationalistes, ce qui a rendu possible la majorité absolue de sièges obtenue par le SNP.
Les conservateurs écossais pour leur part, ont eu du mal à maintenir leurs positions, par ailleurs modestes eu égard à leurs homologues anglais. S’ils n’ont pas connu d’effondrement spectaculaire, ils ont encore perdu 2 points et 2 élus. Leur résultat, en termes de suffrages comme des sièges, est objectivement le plus médiocre depuis la création du Parlement écossais (cf. tableau). L’expression publique d’une certaine satisfaction et les compliments ponctuels adressés à leur leader pour la qualité de sa campagne ne peuvent masquer l’incapacité des conservateurs écossais à renverser leur déclin structurel. Ce dernier, entamé dès les années 1950 et poursuivi par paliers depuis, fortement accéléré pendant les années Thatcher, n’a pas été remis en question par le processus dévolutionniste, quand bien même l’existence d’un scrutin mixte pour les élections au Parlement écossais assure aux conservateurs une représentation formelle à Holyrood plus conséquente qu’à Westminster.
3. La victoire électorale totale du SNP
Le grand gagnant du scrutin est donc le Scottish National Party. Deux chiffres illustrent cette domination nouvelle du parti nationaliste sur la scène écossaise : avec plus de 45% des suffrages obtenus au scrutin majoritaire, le SNP dépasse de 10 points le score moyen des partis arrivés en tête aux élections à Holyrood depuis 1999 ; et le fait que le SNP obtienne pratiquement le même résultat au scrutin de liste régionale (soit 11 points de plus que le meilleur score jamais réalisé) constitue également une performance remarquable et inédite (cf. tableau). D’autre part avec un total de 69 MSP sur 129, c’est la première fois dans l’histoire électorale qu’un parti obtient à lui seul la majorité des sièges à Holyrood.
La victoire du Scottish National Party lors de ce scrutin apparaît remarquable par sa densité et son homogénéité, au plan géographique comme en termes de catégories d’électeurs.
Par rapport à 2007, le SNP progresse sur toutes les parties du territoire, et obtient un score supérieur ou égal à 40% dans les 8 régions écossaises, avec un record dans le nord-est où, avec 52% des voix, il remporte l’ensemble des 10 sièges de circonscriptions à pourvoir. Le succès du SNP est également remarquable en milieu urbain, comme l’atteste son impact dans les grandes villes écossaises : au scrutin FPTP, le parti d’Alex Salmond a obtenu le siège de Stirling (aux dépens du Labour), conservé les 2 sièges de Dundee, gagné les 3 d’Aberdeen (dont un au détriment des libéraux-démocrates), et surtout remporté 5 des 6 circonscriptions dans la capitale Edimbourg, aux dépens des Lib-dems (pour 3 d’entre elles), des conservateurs et des travaillistes. Enfin le basculement de l’électorat écossais en faveur du SNP est particulièrement marquant à Glasgow où, pour la première fois, le parti nationaliste est désormais majoritaire, avec 5 sièges (Anniesland, Cathcart, Kelvin, Shettleston et Southside) sur 9, tous gagnés sur les travaillistes avec des ‘swings’ allant jusqu’à 12 points. Ce succès du SNP à Glasgow, inimaginable il y a quelques années seulement, illustre de façon symbolique la percée décisive du SNP en Clydeside et dans l’Écosse du centre-ouest, terres électorales historiques du travaillisme écossais, longtemps jugées imprenables.
Cette victoire du SNP traduit également une progression du parti d’Alex Salmond dans l’ensemble des classes sociales et des catégories de la population. De façon significative, l’électorat catholique a voté à 43% pour le SNP (contre 36% pour les travaillistes), les femmes – un segment de l’électorat où le vote nationaliste était traditionnellement en dessous de son score global – ont majoritairement soutenu le SNP, et ce dernier arrive également en tête auprès des ouvriers. Enfin il est particulièrement notable que les électeurs se considérant avant tout britanniques et non pas écossais – les ‘exclusively British’, selon la typologie consacrée du sociologue Moreno – ont plus soutenu le SNP (à 24%) que le parti conservateur, défenseur traditionnel de l’Union et de la britannicité.
4. Compétence et leadership
Ce triomphe électoral du Scottish National Party s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs.
Le SNP a remporté ce scrutin grâce à sa crédibilité dans la gestion des affaires écossaises et son identification dans l’opinion aux intérêts nationaux, beaucoup plus que par son positionnement affiché sur l’enjeu constitutionnel et en faveur de l’indépendance. Installé aux affaires dans un contexte difficile et une position minoritaire en 2007, le parti d’Alex Salmond a su faire la preuve, aux yeux de l’électorat, de sa capacité à gouverner l’Écosse au quotidien, en donnant l’image d’une équipe pragmatique à l’écoute des problèmes, rassemblée autour d’un leader compétent et à la stature d’homme d’Etat. Interrogés lors de la campagne électorale, 57% des Ecossais considéraient que le SNP avait fait un « bon » ou « très bon » travail lors de son mandat à Holyrood, 17% de l’opinion seulement estimant le contraire.
Reprenant la posture traditionnelle des équipes au pouvoir en Ecosse, les dirigeants nationalistes ont su par ailleurs reporter habilement sur le gouvernement britannique l’origine de la plupart des difficultés auxquelles la population écossaise était confrontée : qu’il s’agisse de la dégradation du pouvoir d’achat, de la baisse du niveau dans l’éducation ou de l’augmentation des problèmes liées à l’insécurité, trois compétences pourtant dévolues au Parlement écossais, la tactique visant à faire de Londres le bouc émissaire des difficultés écossaises a souvent fonctionné.
Dans la continuité de sa gestion au quotidien au cours des quatre années précédentes, le SNP a développé pendant la campagne électorale un discours de proximité, associé à une rhétorique inclusive et transclasses, basée sur la préservation des intérêts nationaux écossais. Confirmant son positionnement au centre de gravité de l’espace politique écossais, le parti nationaliste a aussi su faire la preuve de son professionnalisme comme de sa cohésion interne, en laissant de côté ses traditionnelles querelles entre « gradualistes » et « fondamentalistes », qui semblent avoir disparu.
A cette maturité politique nouvelle s’est ajoutée l’équation personnelle d’Alex Salmond. Le leader incontesté et charismatique du SNP, dont le nom, tant est forte son image de marque personnelle, figurait sur les bulletins de vote de son parti lors du scrutin de liste, a conduit une campagne de style présidentiel, aux accents gaulliens. Se positionnant chaque fois que nécessaire au-dessus de intérêts partisans, Alex Salmond a eu parfois des intonations quasi-messianiques pour décrire à la nation la situation politique du pays, ce qui lui valut à l’occasion le surnom d’‘El Presidente Salmondo’ par David Cameron. Plus encore que John Smith – le pionnier de la dévolution – ou Donald Dewar – le premier First Minister – en leurs temps, le chef du SNP est désormais « Monsieur Écosse », le dirigeant politique identifié à l’histoire politique récente de la nation écossaise. Signe de la crédibilité et de son aura largement transpartisane acquise lors de son premier mandat, 52% des Écossais considéraient à la fin de la campagne électorale Alex Salmond comme le meilleur First Minister possible pour l’Écosse, contre 33% se prononçant en faveur de l’un ou l’autre des trois leaders d’opposition (dont 17% seulement en faveur du travailliste Ian Gray).
5. Des élections écossaises découplées des tendances politiques britanniques
Confrontés à l’émergence du SNP comme une force gouvernementale crédible et à la forte popularité de son principal dirigeant, les travaillistes écossais ont souffert de la comparaison. Incapable de produire un manifeste électoral original différenciable de celui du SNP et dénué d’un leadership fort, le Labour a abandonné aux nationalistes la primauté du discours sur la défense territoriale et la protection de l’identité écossaise.
Ce résultat électoral, le pire pour les travaillistes en Écosse depuis 1918, est d’autant plus frappant qu’il s’inscrit dans un contexte britannique favorable. Avec le parti conservateur désormais aux affaires à Londres et un contexte de fortes difficultés économiques, l’occasion semblait bonne pour le principal parti d’opposition de capitaliser sur l’impopularité dans l’opinion écossaise de la politique de David Cameron et de la coalition gouvernementale. C’est ce qui s’est passé au même moment au pays de Galles, où les élections à l’Assemblée nationale galloise ont vu la victoire des travaillistes locaux, et aux élections locales anglaises, marquées par des gains importants pour le parti d’Ed Miliband.
Cette défaite des travaillistes en Ecosse est donc différente de celle 2007, dans la mesure où ce dernier résultat apparaît découplé des tendances britanniques dont le Labour profitait auparavant. Elle marque une étape supplémentaire dans le processus d’érosion régulière de la popularité des travaillistes depuis 1999, qui s’explique par des tendances de fond.
Concepteurs de la dévolution, les travaillistes écossais ont eu tendance à considérer le soutien d’une opinion locale reconnaissante comme acquis lors des élections à Holyrood. Dans le même temps, leurs dirigeants les plus compétents ou les plus brillants – à l’exception notable de Donald Dewar, qui n’aura malheureusement survécu que quelques mois au démarrage de la dévolution – ont délaissé les bancs du Parlement écossais pour investir la scène politique britannique, donnant l’impression du caractère marginal et/ou inférieur de la nouvelle institution décentralisée. Après Dewar, les leaders travaillistes successifs ont été donc des dirigeants de modeste envergure. Et tandis que les travaillistes locaux s’exonéraient de toute remise en question programmatique, la dévolution a créé en Écosse un forum politique national, qui a permis au Scottish National Party de populariser ses idées et de faire émerger ses cadres.
Enfin l’apprentissage progressif de la dévolution par l’opinion écossaise débouche désormais sur un comportement électoral qui peut être nettement différencié entre les élections générales britanniques et celles au Parlement écossais, comme ces élections l’ont spectaculairement démontré. Ainsi par rapport au scrutin législatif de 2010, les travaillistes ont perdu environ un tiers de leurs voix, quand le SNP progressait pour sa part de 25 points. Si pour les Ecossais il est clair que le SNP n’a aucune chance de devenir majoritaire à Westminster, il est tout aussi manifeste que le vote nationaliste à Holyrood, offre actuellement des garanties à la fois en termes de compétence gestionnaire et aussi de résistance face au gouvernement qui est désormais au pouvoir à Londres.
6. Le premier gouvernement nationaliste majoritaire de l’histoire écossaise
Le résultat final de ce scrutin marque donc la fin d’une phase électorale, qui avait vu les travaillistes dominer largement la scène politique locale. Il ouvre également une période inédite au Parlement écossais, où pour la première fois un parti va disposer de la majorité absolue des sièges.
Après deux gouvernements de coalition travaillistes/libéraux-démocrates et une administration nationaliste minoritaire, l’Ecosse est désormais dotée d’un gouvernement SNP monocolore. Ce cas de figure semblait doublement inconcevable pour les architectes de la dévolution. D’une part parce que celle-ci a été promue comme le meilleur antidote aux succès du SNP et à la perspective indépendantiste. Et d’autre part parce doté d’un mode de scrutin mixte portant une dose de proportionnelle importante, le Parlement écossais semblait définitivement à l’abri de toute domination par un seul parti, et notamment les travaillistes, dont les autres formations écossaises craignaient les tendances hégémoniques.
Douze ans après, le fait que le Scottish National Party soit désormais seul aux commandes à Edimbourg n’est donc pas le moindre des ironies de l’histoire politique contemporaine de l’Ecosse.
Les élections au Parlement écossais 1999-2011
Principaux résultats
1999
Partis |
% de voix obtenues au scrutin de circonscription FPTP |
Nombre de sièges obtenus au scrutin FPTP |
% de voix obtenues au scrutin de liste régionale |
Nombre de sièges obtenus au scrutin de liste |
Total des sièges au Parlement écossais |
SNP |
28,7 |
7 |
27,3 |
28 |
35 |
Travaillistes |
38,8 |
53 |
33,6 |
3 |
56 |
Libéraux-Démocrates |
14,2 |
12 |
12,4 |
5 |
17 |
Conservateurs |
15,5 |
0 |
15,4 |
18 |
18 |
Autres partis |
2,7 |
1 |
11,3 |
2 |
3 |
2003
SNP |
23,9 |
9 |
20,9 |
18 |
27 |
Travaillistes |
34,6 |
46 |
29,3 |
4 |
50 |
Libéraux-Démocrates |
15,4 |
13 |
11,8 |
4 |
17 |
Conservateurs |
16,6 |
3 |
15,5 |
15 |
18 |
Autres partis |
9,6 |
2 |
22,1 |
15 |
17 |
2007
SNP |
32,9 |
21 |
31 |
26 |
47 |
Travaillistes |
32,2 |
37 |
29,2 |
9 |
46 |
Libéraux-Démocrates |
16,2 |
11 |
11,3 |
5 |
16 |
Conservateurs |
16,6 |
4 |
13,9 |
13 |
17 |
Autres partis |
2,1 |
0 |
14,6 |
3 |
3 |
2011
SNP |
45,4 |
53 |
44,0 |
16 |
69 |
Travaillistes |
31,7 |
15 |
26,3 |
22 |
37 |
Libéraux-Démocrates |
7,9 |
2 |
5,2 |
3 |
5 |
Conservateurs |
13,9 |
3 |
12,4 |
12 |
15 |
Autres partis |
1,1 |
0 |
12,1 |
3 |
3 |
Source : The Scotsman, Scottish Affairs
Références
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