Jessica Lathus, Le féminisme et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de 1968 à 1978, Maîtrise, Université de La Rochelle, 2004, 150 p. + 100 p. de bibliographie et d’annexes.

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Mots-clés

Trotskysme, Féminisme

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L’auteure, très intéressée par le féminisme, étudie l’intervention d’un mouvement d’extrême gauche, la LCR, dans le mouvement des femmes au cours des années 1970. Bousculée au début par l’irruption du féminisme, la LCR ne tarde pas à s’engager, dans le cadre du MLAC notamment, dans la lutte pour la libéralisation de l’avortement, puis dans la lutte contre le viol, certain(e)s demandant la criminalisation de cet attentat fait aux femmes. Cependant d’autres militant(e)s s’interrogent sur la validité de cet appel aux tribunaux « bourgeois ». Par contre c’est unanimement que l’organisation aborde le problème de la prostitution, refusant de la considérer comme un métier comme un autre, car « la prostitution ce n’est pas mal, ça fait mal ».

J. Lathus attire également notre attention sur une question moins souvent traitée, la position de la LCR sur la maternité. Il n’est pas question pour la LCR de refuser la maternité, mais de demander des mesures spécifiques pour les mères travailleuses, aboutissant à une prise en charge collective des enfants par la société (notamment des crèches gratuites, ouvertes 24 heures sur 24). Egalement, Rouge se mobilise en 1972-73 pour soutenir la lutte des filles-mères des foyers d’Issy-les-Moulineaux et du Plessis-Robinson, véritables ghettos où les jeunes mères célibataires sont soumises à une surveillance constante, les visites extérieures étant interdites. Dans une deuxième partie, elle montre l’implication particulière de la LCR dans la lutte des femmes travailleuses, ce qui amène l’organisation à prendre précocement ses distances avec le MLF, qui se soucie de toutes les femmes et qui voit dans l’homme en général l’oppresseur. Pour la Ligue, comme pour d’autres groupes d’extrême gauche, l’AMR ou Révolution !, il ne faut pas se tromper d’ennemis, c’est le capitalisme qu’il faut combattre. D’où la tentative d’enraciner ce combat dans l’entreprise, le quartier, avec la création des Groupes femmes, la tentative de les coordonner, de leur donner une visibilité, en manifestant le 8 mars ou le 1er mai. De même la LCR encourage ses militantes ouvrières à créer dans les syndicats des Commissions femmes. C’est la troisième partie au titre alléchant, « Les femmes dans la LCR », qui tient le moins ses promesses. J. Lathus en dit trop peu sur la place des femmes dans le parti politique LCR, peut-être parce qu’elle n’a pas eu le temps de mener les entretiens prévus. Elle est donc rapide sur le phallocratisme d’une organisation très tentée en début de décennie par un modèle viril. De même, elle passe vite sur le renversement de situation à partir du milieu des années 1970, du fait de la possibilité pour les militantes de s’organiser dans des groupes femmes à l’intérieur même de l’organisation, les groupes Sand. Les mâles de la Ligue vont passer un mauvais quart d’heure, à la différence de ceux de l’OCI, ils doivent changer de comportement ou démissionner. Effectivement, la vie pour les femmes militantes devient plus facile en fin de période, les militants de Rouen par exemple ouvrent une Maison des enfants, pour prendre en charge collectivement les enfants au moins une partie de la semaine. Un travail intéressant, donc, même si on l’aurait aimé plus complet ici ou là, et un peu moins encombré de maladresses de forme.

References

Electronic reference

Jean-Paul Salles, « Jessica Lathus, Le féminisme et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR) de 1968 à 1978, Maîtrise, Université de La Rochelle, 2004, 150 p. + 100 p. de bibliographie et d’annexes. », Dissidences [Online], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=187

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Jean-Paul Salles

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