Claude Cahun et le surréalisme

DOI : 10.58335/textetimage.140

Résumés

Quels sont précisément les liens entre Claude Cahun et le surréalisme ? Il s’agit ici de mettre au jour les relations à la fois littéraires, personnelles et politiques entre la nièce de Marcel Schwob et le mouvement d’André Breton. À partir des écrits et de la correspondance inédite de l’auteur, l’étude fait apparaître un tissu de rapports complexes. Car si Claude Cahun s’est toujours intéressée au Surréalisme, ses liens avec le mouvement ne s’établirent que tardivement, à travers son engagement politique. Sur le plan esthétique, son œuvre plastique est plus proche de la sensibilité surréaliste que son œuvre écrite, très marquée par le symbolisme.

What exactly are the links between Claude Cahun and the Surrealist movement? This project seeks to shed light on the literary, personal and political relations between Marcel Schwob’s niece and André Breton’s movement. When one considers both the author’s published work and her unpublished personal letters, some complex relations between Cahun and the Surrealists become apparent. However, if Claude Cahun was always interested in the Surrealist movement, she did not associate herself with it until quite late; and this as a result of her political involvement. On an aesthetic level, Cahun’s artwork (paintings and sculptures) are closer in sensibility to the tenets of surrealism than is her written work, which bears, it seems, the mark of symbolism.

Plan

Texte

Introduction

Si aujourd’hui le nom de Claude Cahun apparaît dans la plupart des ouvrages sur le surréalisme, son nom, resté longtemps inconnu, ne figure ni dans l’ouvrage référence de Marguerite Bonnet, André Breton, Naissance de l’aventure surréaliste (1975), ni dans celui de Jacqueline Chénieux-Gendron, Le surréalisme (1984).

Dans la vie même de Claude Cahun, son rapport avec le surréalisme est l’histoire d’un « refoulement » (Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 593) qui ne dura pas moins de treize ans. En 1919, elle déclina la proposition de Philippe Soupault qui lui demandait de participer à la revue Littérature. La rencontre avec André Breton et les surréalistes avec qui elle resta liée jusqu’à sa mort en 1954 n’eut lieu qu’en 1932. Mais quels ont été précisément les rapports entre Claude Cahun et le Groupe ? Et, s’il est sûr qu’elle a fréquenté les surréalistes, peut-on aller jusqu’à dire qu’elle a fait partie du Groupe ?

Pourquoi ce personnage atypique à tous points de vue, à l’individualisme et au narcissisme exacerbés, qui écrivit : « les étiquettes sont méprisables » (Cahun « Confidences au miroir » 2002 : 605), a-t-il décidé de se rapprocher de ce groupe que constituaient les surréalistes ? Et par ailleurs, pourquoi a-t-elle mis autant de temps pour les rencontrer alors que « ce groupe [l’] avait attirée plus que tout autre » ?

Pour répondre à ces questions, nous nous appuierons principalement sur les textes de Claude Cahun et notamment « Confidences au miroir », manuscrit d’un essai autobiographique rédigé à partir de 1945 et publié par François Lerperlier en 2002. Nous utiliserons également sa correspondance, dont la plus grande partie est encore inédite à ce jour. Cette correspondance est une source très précieuse concernant ses liens avec le monde littéraire et notamment le groupe surréaliste. Notons parmi les échanges concernant les membres du Groupe les noms d’André Breton, de Robert Desnos, de René Crevel, de Paul Eluard et de Jean Schuster. Nous étudierons ainsi les rapports entretenus par Claude Cahun avec le Groupe et la façon dont s’est déroulée cette rencontre, aussi bien dans le domaine de l’art que dans celui de la politique.

« [...] vous disposez d'un pouvoir magique très étendu [...] mais vous vous taisez à plaisir » (lettre d’André Breton à Claude Cahun, septembre 1938). Par ces mots, André Breton résume parfaitement l'attitude paradoxale de cette femme qui, tout en ayant été essayiste, poète, journaliste, traductrice, photographe et comédienne, a poussé la discrétion au point d'avoir tout fait pour brouiller les pistes. Il a fallu attendre les recherches de François Leperlier pour qu'apparaisse au grand jour une partie de ce que fut son activité artistique. Il est à ce propos important de souligner que si c'est grâce à ses photographies que Claude Cahun est aujourd'hui connue d'un public de plus en plus large, son activité première, et certainement la plus chargée symboliquement et émotionnellement, fut l'écriture.

1. Le poids de la famille (1894-1934)

Claude Cahun est le pseudonyme le plus connu que s’est choisi Lucy Schwob, née à Nantes le 25 octobre 1894. Le nom est juif. Les deux arrières grands-pères paternels, Léopold Schwob et Anselme Cahun, étaient issus de la grande bourgeoisie intellectuelle juive. Ils étaient tous deux rabbins.

La famille du père, Maurice Schwob, est essentielle dans la formation de son identité d’écrivain. Le « clan » Schwob (Allain 2006 : 33) était organisé autour du journal Le Phare de la Loire, acheté par le grand-père Georges Issac Schwob en 1876. Homme de lettres qui avait fréquenté pendant un temps les milieux parnassiens, Georges Schwob fit de ce quotidien l’un des plus importants journaux régionaux du moment. Le père de Claude Cahun, Maurice Schwob, reprit le flambeau en 1892 au décès de son père. Il avait le soutien de sa mère, Mathilde Cahun, femme cultivée, au fort tempérament, de son oncle Léon Cahun, orientaliste et conservateur à la bibliothèque Mazarine et de son frère Marcel Schwob. L’auteur du Livre de Monelle, qui fit ses débuts dans le Phare à l’époque de Georges Schwob, continua à collaborer activement à l’entreprise familiale jusqu’à sa mort en 1905.

Claude Cahun, elle aussi, y publia ses premiers écrits. Il s’agissait d’une chronique de mode qu’elle tint régulièrement, tous les lundis, du 20 octobre 1913 au 27 juillet 1914, alors qu’elle n’avait que 19 ans.

Claude Cahun fut ainsi plongée très jeune dans le monde des lettres. Cependant, le poids de cette famille comportant plusieurs noms prestigieux fut plutôt un obstacle dans sa rencontre avec le surréalisme. Car si le Phare avait des prétentions littéraires et accueillait dans ses colonnes de jeunes auteurs et poètes parmi lesquels se trouvaient Jacques Viot, futur membre du groupe surréaliste, Maurice Schwob était très lié avec Alfred Valette, le directeur du Mercure de France. Claude Cahun y publia d’ailleurs son premier ouvrage, Vues et visions, en 1914. Cette maison d’édition avait été créée en 1890 pour publier les poètes symbolistes et représentait dans les années vingt la génération d’avant la guerre. Et alors que Breton proclamait dans le Journal littéraire en juillet 1924 : « Symbolisme, cubisme, dadaïsme sont depuis longtemps révolus, le Surréalisme est à l’ordre du jour et Desnos est son prophète », Gustave Kahn, le poète et critique d’art symboliste écrivait dans le numéro du Mercure de France du même mois : « je ne vois pas que l’on ait dépassé le bonheur de composition du Déjeuner, de Monet, de la Bretagne, de Raffaelli, des Cueilleurs de pommes, de Pissarro, de la Grande Jatte, de Seurat, des Ports de Signac ».

Sur le plan politique, les opinions du Phare, et notamment de Maurice, sont exprimées par Claude Cahun de la façon suivante : « Théoriquement pacifiste-internationaliste, il avait acquis en 1870, non point un esprit ‘revanchard’, mais un sentiment unilatéral du ‘danger allemand’ […] Son origine sémitique lui inspirait une aveugle gratitude envers la République – reportée de la IIIe à la Ière […] » (Cahun « Confidences au miroir » 2002 : 600).

On peut en effet lire sous la plume de Maurice Schwob, dans un article du 24 octobre 1914 :

Les Sauvages, que la France et l’Angleterre ont su amener au respect et à l’amour de la Civilisation, vont la défendre contre les hommes qui se prétendaient les représentants d’une « culture supérieure » et qui, par un brusque saut en arrière, par un monstrueux atavisme, sont redevenus les Huns, ancêtres des Prussiens.

Cette position, qui pourrait paraître choquante aujourd’hui, était cependant celle de la plupart des républicains de gauche. Néanmoins, Claude Cahun regardait du côté des surréalistes, ce qui provoquait l’incompréhension réprobatrice de son père. Dans ses « Confidences au miroir » Claude Cahun raconte comment Maurice fut interpellé par la couverture de la Révolution surréaliste, sans en comprendre l’objet :

[…] quelle révulsion quand un portrait de LA France, sur la couverture du n°6 de La Révolution surréaliste (service presse), attira le regard naïf de Maurice Schwob.

La fille jouissait après le frère d’insuffisants crédits – mais inconditionnels. Leur emploi – l’achat de livres surréalistes et de la revue, à dater du n°6 – ne pouvait passer inaperçu : au « Phare », en famille « je travaillais » sur la table de la salle à manger, livres et papiers poussés à l’un des bouts du rectangle aux heures des repas. Je me faisais un devoir d’y mettre, à défaut de délicatesse, cette franchise. Elle était inutile.

[…]

Personnellement, il eût volontiers exclu de sa République tout ce qui n’était pas conforme à son idéal de science et de clarté… mais comment l’envisager quand ce qu’il eût banni servait au « prestige de la France »… ? Alors il avouait « ne rien comprendre » en ce domaine et refusait de s’y aventurer. (Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 602)

Claude Cahun craignait en effet l'opinion de son père. Les goûts traditionnels de celui-ci lui semblaient loin des préoccupations surréalistes et de leurs provocations. Redoutant sa réaction si elle avait participé à leurs diverses activités, elle écrivit à ce sujet :

Son nom – le mien – rencontré en pareille compagnie… en fût-il mort de chagrin ? (il ne pouvait être question d’encourir pareil risque)… ou bien se fût-il contenté d’oublier l’incident ? C’est probable. De toute façon Cahun se fût imposé à moi comme membre du groupe surréaliste… si j’en avais fait partie. (Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 603)

La forte présence de son père, distant vis-à-vis des avant-gardes, a sûrement influencé l'attitude de Claude Cahun à l'égard de Philippe Soupault en 1919. Alors que le compagnon de Breton lui proposait de participer à Littérature, elle refusa la proposition :

Philippe Soupault, rencontré chez Adrienne Monnier, au début de l’année 1919, m’offrit de collaborer à Littérature… à paraître prochainement. Je m’excusais, alléguant mon incompétence. Ma timidité, montée en épingle aux Amis des livres, cela m’horripilait, me faisait rougir plus encore et donnait créance aux contre-sens sur ma véritable nature. […] Un abonnement à la nouvelle revue me tint quitte de tout… hormis le refoulement… qui ne pouvait que croître. […] Le premier Manifeste (illustré de Poisson soluble), les numéros de La Révolution surréaliste, Nadja. Trop tard. Je me tins quitte, une fois encore. Et ma seule démarche personnelle – en réponse à l’appel démocratique du Bureau central de recherches surréalistes, 15, rue de Grenelle, alors que j’habitais le quartier, avenue de Suffren – fut d’aller, deux ans plus tard, 16 rue Jacques Callot, serrer la main de Marcel Noll. Sans argent pour les tableaux exposés à la nouvelle galerie surréaliste, j’achetai la photo d’un Max Ernst : « la Vierge flagellatrice »… (Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 593)

Suivant les activités du Groupe, lisant ses publications, Claude Cahun resta cependant à l’écart pendant plusieurs années alors même que ses réseaux recoupaient en partie les réseaux surréalistes. Elle se rendait régulièrement rue de l’Odéon, dans la librairie d’Adrienne Monnier, où s'étaient rencontrés André Breton et Louis Aragon. Elle publia des textes dans le Journal Littéraire, dirigé par Paul Lévy, un ami de son père, alors même que Benjamin Péret, Philippe Soupault ou Joseph Delteil y participaient régulièrement.

2. Les « rêveurs solitaires» et les « exclus » (1925-1954)

Elle se lia cependant avec ceux qu’elle appela plus tard les « rêveurs solitaires », les « exclus » (Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 593) et publia dans le cinquième numéro de Bifur (avril 1930) un autoportrait photographique intitulé Frontières humaines, du même nom que le roman du rédacteur en chef de la revue, Ribemont-Dessaignes. Celui-ci avait fondé la revue en mai 1929, après sa rupture avec le Groupe. Il y accueillit des dissidents du surréalisme comme Soupault, Leiris, Michaux et Desnos.

À la fin des années 1930, Claude Cahun, qui ne faisait toujours pas partie du Groupe, était très liée avec trois membres dissidents ou marginaux du surréalisme : Jacques Viot, Henri Michaux et Robert Desnos.

2.1. Jacques Viot

Comme nous l’avons déjà mentionné, Jacques Viot faisait partie du milieu littéraire nantais. Né à Nantes, le 20 novembre 1898, il était issu d’une famille d’armateurs de la grande bourgeoisie nantaise. Son homosexualité, sa liberté de penser, le refus de se conformer à la carrière prévue par son père, l’éloignèrent de Nantes et de sa famille. Aux alentours de 1925 il s’installa à Paris où il rencontra Henri Michaux et le groupe surréaliste. Bien qu’exclu du comité regroupant Clarté, Philosophies et La Révolution surréaliste le 30 octobre 1925, il garda des rapports amicaux avec Breton jusque dans les années trente.

Contre toute attente, Claude Cahun rencontra Viot par l’intermédiaire de son père Maurice Schwob :

Jacques Viot nous fut présenté par mon père le plus fallacieusement du monde : il incarnait à mes yeux les vertus nationales. Ce jeune Nantais avait devancé l’appel – acte qui ne saurait avoir de motif que le plus pur patriotisme (j’en imaginais d’autres…). Intelligence claire : volonté ferme ; courage attesté (…superbes cornets à surprise). Un avenir brillant s’ouvrait à lui ; le journalisme, en attendant mieux, pouvait l’aider à trouver sa voie… (De ce côté ?...j’en doutais. Humour ! Je ne présentais pas le renversement des rôles : alors que l’ancienne génération se projetait dans le devenir évasif de la nouvelle, son altimètre, son parangon, son Homme…qui portait en lui Déposition de blanc…allait m’aider à suivre ma pente…) Quant à l’attitude de réserve du héros, interprétée : modestie, elle couronnait l’édifice. (Elle en était pour moi la clé. Mes entre parenthèses, naturellement tacites, allaient leur train. L’heure brève, la réserve hautaine de le « whishful thinking », la distance entre Paris et Nantes, permirent au malentendu de suivre son cours, pendant plusieurs années…) (Claude Cahun, « Confidences au miroir » 2002 : 602).

Alors que Claude Cahun vivait à Paris, elle continua de le fréquenter et en 1931 elle dépensa beaucoup d'énergie pour faire publier un récit polémique qu'il venait d'écrire en réaction à l'exposition coloniale qui se tint à Paris la même année, intitulé : N’encombrez pas nos colonies. Usant de ses contacts dans les différents milieux éditoriaux elle lui écrivit :

Votre manuscrit est chez Crès. Il a promis de s’en occuper immédiatement. Il ne paraît pas avoir grand espoir de ce côté. « Trop subversif ? » Si j’ai bien compris. […] Pour Grasset, je pourrais y tenter une démarche indirecte (par une amie qui connaît M. Brun (?)) M. Basler dit que Grasset lui-même est déjà très bien disposé, mais que là encore il n’a pas seul voix au chapitre. […] En attendant, j’ai vu Pierre Lévy (Bifur) ce matin et je lui ai parlé le plus catégoriquement que j’ai pu. Quoi qu’il l’ait caché de son mieux comme « ils » font toujours (et de plus très vexé que vous n’ayez pas répondu à sa lettre. J’ai donné pour raison, bien suffisante, que vous aviez été malade, et il a fini par s’en contenter), il a certainement très envie de vous. Mais il ne veut faire aucune offre précise avant d’avoir lu le manuscrit. (Cahun, Paris vers 1931).

Toute la bonne volonté de Claude Cahun ne permit pas de faire publier le manuscrit mais l'insistance dont elle fit preuve auprès de ses relations afin de soutenir son ami montre l'attachement littéraire qu'elle pouvait avoir pour Viot. Dans sa lettre, elle ajoute même : « Si vous voyez quelque chose en quoi nous puissions vous être plus directement utiles, n’hésitez pas à me l’écrire. Nous ne pouvons pas grand-chose, mais le peu que je pourrais pour vous, soyez sûr que ce serait toujours de bon cœur. »

Jacques Viot est un personnage très important dans l’univers de Claude Cahun. Elle lui doit en effet plusieurs « rencontres émouvantes » (Cahun « Confidences au miroir » 2002 : 602) dont celle d’Henri Michaux.

2.2. Henri Michaux

L'expression de « rêveur solitaire » sied parfaitement à Michaux qui, tout en menant des recherches poétiques proches des surréalistes, ne fit jamais réellement partie du mouvement.

Les termes de leur rencontre nous apparaissent clairement dans la première lettre que Michaux adressa à Claude Cahun le 19 janvier 1925 :

Mademoiselle,

J’ai lu chez mon ami Viot de vos pages qui sont extrêmement indépendantes.

Si vos rêves sont à l’avenant et que vous les mettiez sur le papier, je serais glorieux de les publier.

Croyez-moi par ailleurs attentif à tout ce que vous écrivez, et cordialement désireux de vous mieux connaître.

Il s’en suivit une longue amitié, même si la guerre les maintint longtemps à distance. Ces deux être atypiques semblaient avoir une grande complicité, teintée d’une bonne dose d’humour. Alors que Michaux est en train d’apprendre l’anglais, il écrit à son amie (qui maîtrise parfaitement cette langue) : « For that week – or, it is to say : this week ? let me wait my English reader, weather Wednesday (comme convenu) or Saturday. Never mind if I wait for… les prunes. » (Michaux, Paris, 30 mars 1926). De son côté, Claude Cahun fait preuve du même esprit : « Je dois retourner bientôt à Bifur et si vous croyez utile que j’y dépose une bombe, dites le moi ; bien que ce soit peu conforme à mon tempérament je tâcherai de le faire avec ou sans les ménagements que vous m’indiquerez. » (Cahun, vers 1930)

Henri Michaux était un habitué de l’atelier de Claude Cahun rue Notre-Dame-des-Champs et fit même un séjour – après l’avoir remis de nombreuses fois – dans la maison de Jersey en 1938.

Par ailleurs, celui-ci avait une grande confiance en son amie, lui prêtant ses objets les plus intimes, et lui laissant ses « adresses secrètes » : « Voici Milarepa, livre actuellement introuvable et auquel je tiens comme à la prunelle de mes yeux. Ne le prêtez à personne – je m’excuse d’insister : c’est mon livre de chevet. » (Michaux, Paris, 1934) ; « Adresse archi secrète : Hôtel du Palais Bourbon / 49 rue de Bourgogne / Paris. Tel, Littré 83. 98. » (Michaux, Paris vers 1937).

Partageant un goût pour l'étrange et un rapport très particulier au corps, ces deux individus inclassables sont également proches par leurs préoccupations esthétiques. Claude Cahun sut d'ailleurs bien mettre en valeur la singularité de son ami dans plusieurs de ses clichés photographiques.

2.3. Robert Desnos

Parmi les « exclus » se trouvait également Robert Desnos. Quand Claude Cahun le rencontra, il ne faisait déjà plus partie du Groupe. Elle eut avec cet homme une relation très forte et même un peu ambiguë comme le laisse supposer ce mystérieux message :

Écrivez-moi je vous en prie. En somme vous n’avez jamais répondu à ma folle proposition… Si : vous m’avez montré que vous n’étiez pas fâché ! Certes ! c’est le principal. Mais pourtant… Ecrivez-moi que nous nous reverrons.

Love. Claude. (Cahun, Jersey, sans date).

Tout comme Claude Cahun, Desnos eut un champ d’activité très varié : il fut poète, peintre, journaliste, homme de radio, chansonnier, publicitaire, critique de cinéma et de musique, scénariste et même créateur de cantate. Leur rencontre, bien que certainement liée à leur intérêt commun pour le surréalisme ne s’est pas faite par le Groupe. Quand Claude Cahun fit sa connaissance, Desnos s’était déjà fait exclure en 1928 pour ses désaccords politiques et son activité de journaliste. Les deux écrivains se sont très probablement rencontrés par l'intermédiaire de la revue Bifur en 1931 ou un peu avant. Leur correspondance témoigne d’un attachement teinté d’une grande admiration :

Je suis impatiente de lire la suite du poème. Pas moyen de trouver « The night of Loveless nights » chez les libraires. S’il ne vous reste pas d’exemplaires pour moi (après tout suis-je digne d’un si beau cadeau ?) prêtez m’en un, je vous en prie. J’en prendrai le plus grand soin et je vous le rendrai vite. (Cahun, vers 1931).

Leur complicité est évidente et se manifeste par une certaine liberté de ton et un rapport ludique au langage : « L’imbécile soussigné ne comprend tout d’abord rien à votre lettre » ; « [parlant de lui] hein, croyez-vous qu’il est abruti ce type-là » (Desnos, Paris 1931) ;

Ma belle-mère apprend l’orthographe à un jeune parent, licencié en droit. Elle a trouvé pour lui cette dictée […] :

… d’applaudir à l’idée qu’ont eue (qu’on tue) certains instituteurs…

« N’aie pas peur du sphinx

Ai-je des yeux de lynx

A-t-il un gros larynx ? (Cahun, Nantes 1932)

Pendant l’Occupation, entré dans la clandestinité et affilié à un réseau de résistance, il fut arrêté et déporté en 1944. Il mourut du typhus à Terezin en Tchécoslovaquie en 1945. Après sa mort, Claude Cahun évoqua son ami dans une lettre adressée à Gaston Ferdière, exprimant avec émotion toute la tendresse qu’elle éprouvait pour lui :

Je ne sais quelles étaient mes relations avec Robert Desnos ? En marge de toute « idéologie », nous l’aimions, Suzanne et moi, dans le domaine étrange où aucun malentendu ne peut avoir la moindre importance. Le fait d’avoir été bien près de subir le même sort que lui ne pouvait rien changer non plus – ne pouvait rien que nous séparer par la mort. Il nous reste des livres, par je ne sais quelle chance presque tous. Ses lettres ont disparu, brûlées sans doute. La dernière, il me l’avait écrite au début du printemps de 1940. (Cahun, 2002 : 664-665)

3. La rencontre avec le Groupe (1932)

C’est finalement par la politique que Claude Cahun se lia véritablement au Groupe. Cette nouvelle conscience fut assez tardive puisque ce n’est qu’à partir de 1931, trois ans après la mort de son père alors qu’elle avait déjà trente-sept ans qu’elle s'engagea, participant à différents mouvements. Restée longtemps méfiante à l’égard de toute organisation, les notions d’antagonismes de classes, de rapports économiques lui permirent d’obtenir des réponses à une réalité – antisémitisme de l’affaire Dreyfus, injustices – qui l’avait toujours révoltée. Mais sa posture individualiste – « Individualisme ? Narcissisme ? C’est ma meilleure tendance, la seule intentionnelle fidélité dont je sois capable » (Cahun 1930 : 9) – la maintenait recluse. Ce prétendu égoïsme (« l’égoïsme absolu est une sécurité ») n’était-il pas une sorte de réaction de protection face à une réalité qui l’effrayait et à laquelle, par sa situation de privilégiée, elle ne s’était jamais vraiment confrontée ? Quoi qu’il en soit, le contexte de bouillonnement social et politique des années trente l’atteignit et lui fit mettre de côté esthétisme, dandysme et individualisme. Elle se rapprocha alors des revues d’avant-garde comme Le Surréalisme au service de la Révolution, La Critique sociale. En 1932, elle adhéra à l’A.E.A.R.

L’Association des écrivains et artistes révolutionnaires fut l’un des nombreux projets d’organisations rassemblant intellectuels et artistes solidaires de la révolution soviétique, décidés à promouvoir en France une culture révolutionnaire, à hâter par leurs moyens propres – l’art, la littérature – le processus de changement social. En août 1932, le parti communiste amorçant un grand virage politique, l’idée fut lancée de créer un « vaste front unique littéraire ». Les surréalistes furent ainsi admis à l’A.E.A.R., ce qui leur avait été refusé en janvier de la même année. Breton se retrouva au bureau de l’organisation – dont il fut exclu en 1933 à cause de sa politique très critique, proche de l’opposition de gauche (trotskiste).

Claude Cahun et Suzanne Malherbe adhérèrent donc à l’A.E.A.R. en 1932, intervenant essentiellement dans le cadre de la section littéraire.

À cette époque, Claude Cahun et André Breton appartenaient à la même organisation et devaient certainement se croiser régulièrement. Mais l’extrême timidité de Claude Cahun la poussa à demander à son ami Viot d’écrire à Breton afin de le rencontrer « officiellement ». Le 12 avril 1932, Breton lui envoya cette lettre :

Mademoiselle,

J’ai appris il y a plusieurs semaines par une lettre de Jacques Viot que vous aviez manifesté l’intention de me voir. J’étais absent de Paris ce dernier mois. Comme je suis tenu à une certaine prudence téléphonique et que j’attends toujours pour venir à l’appareil de savoir le nom de la personne qui me demande, je crois pouvoir me permettre de vous aviser de mon retour et de vous offrir de vous rencontrer au moment qui vous plaira. Si vous n’avez pas tout à fait renoncé à votre projet je serai heureux que vous me fixiez un rendez-vous.

Je vous prie d’agréer, Mademoiselle, mes hommages respectueux.

André Breton.

Elle lui répondit et ils prirent rendez-vous pour le 15 dans l’après-midi chez Claude Cahun au 72 bis rue Notre-Dame-des-Champs, à Paris dans le sixième arrondissement. Dès le départ, une grande complicité s’établit entre eux : « je me suis trouvé très profondément ému en votre présence » lui écrit Breton dans une lettre du 17 avril 1932.

La proximité de leur position politique a certainement dû contribuer à leur rapprochement. Évoquons à ce sujet la publication par Claude Cahun d’une brochure polémique : Les paris sont ouverts qui valut à Claude Cahun les compliments répétés d’André Breton :

Une camarade, Claude Cahun, dans une brochure marquante qui vient de paraître : Les paris sont ouverts, brochure qui s’attache à supputer le destin de la poésie en faisant la part de sa nécessité propre et des données sociales de son existence, prend à partie Aragon sur le manque de rigueur de sa position actuelle […]. Les conclusions irréfutables de cette brochure corroborent et renforcent au-delà de toute attente celles que j’ai cru devoir formuler en 1932 dans Misère de la poésie, quant à l’impossibilité de résoudre aussi élémentairement qu’Aragon a tenté de le faire, le conflit qui met aux prises la pensée consciente de l’homme et son expression lyrique, conflit suffisant à passionner au plus haut degré le drame poétique qui nous a voulu pour acteurs. (Breton 1992 : 260)

À la même période, il félicita directement Claude Cahun : « Rien ne me paraît plus lucide, plus inexorable, plus émouvant que ce témoignage. Il me paraît mettre fin avec éclat à un débat absurde. Ce que nous défendons n’a jamais été mieux dégagé, n’a jamais été mis plus haut. […] Tout lui assure de rester unique comme ton. » (Breton, Paris 1934). Malgré ce qu’écrivit Breton, Claude Cahun resta très modeste.

4. Activités surréalistes (1932-1954)

À partir de 1932, Claude Cahun fut donc en contact régulier avec les membres du Groupe.

Durant les années 1934-1935, Claude Cahun se rendit aux présentations de malades faites à Sainte-Anne par le docteur Gaston Ferdière en compagnie de Breton, Michaux, Duchamp et Crevel.

Nous avons pu consulter des lettes envoyées par Crevel, datées de ces années 1934-1935. Elles regorgent de vives démonstrations d’amitié : « Écrivez à votre ami, vrai ami, ami d’ami de vrai de vrai. René » (Crevel, Davos fin 1934) ; « Ça fait juste deux mois qu’on ne s’est pas vu. C’est trop, architrop. Donc ne m’en veuillez pas de bétifier. Ecrivez à votre ami René. » (Crevel, Davos début 1935)

Cette amitié prit fin avec le suicide de René Crevel en 1935.

En 1935, elle participa au groupe Contre-Attaque, mouvement formé à l’initiative de Roger Caillois et Georges Bataille en réaction aux émeutes fascistes de 1934 et en alternative au parti communiste. En 1936, des dissensions politiques entraînèrent la dissolution du groupe. Le nom de Claude Cahun figure parmi les « adhérents surréalistes » en bas d’une déclaration intitulée [la rupture avec « Contre-Attaque »].

En avril de la même année, Breton la sollicita pour le numéro de Cahiers d’art prévu à l’occasion de l’exposition surréaliste d’objet chez Charles Ratton :

Ma chère amie,

vous savez que nous préparons pour le 20 mai une exposition d’objets (surréalistes et para-surréalistes). À cette occasion doit paraître un numéro de Cahiers d’Art […]. Il se trouve paradoxalement qu’à l’heure actuelle aucun des textes en question ne concerne à proprement parler les objets surréalistes […]. J’ai pensé que vous seule seriez capable de traiter d’une manière parfaite un pareil sujet. Vous pourriez prendre connaissance à Cahiers d’Art de tous les documents photographiques et je ne doute pas que vous sachiez dégager mieux que personne le sens théorique de cette sorte de recherches. (Breton, Paris 1936).

Claude Cahun répondit à la requête de Breton en produisant un texte intitulé « Prenez garde aux objets domestiques » […] :

J’insiste sur une vérité première : il faut découvrir, manier, apprivoiser, fabriquer soi-même des objets irrationnels pour apprécier la valeur particulière ou générale de ceux que nous avons sous les yeux. C’est pourquoi, à certains égards, les travailleurs manuels seraient mieux placés que les intellectuels pour en saisir le sens, si tout dans la société capitaliste, y compris dans la propagande communiste, ne les en détournait. C’est pourquoi vous commencez à tripoter dans vos poches, et peut-être à les vider sur la table.

Étanchez un peu de tout le sang chaque jour répandu avec une éponge taillée en forme de cerveau ; mettez-là dans une cuve et voyez si elle flotte, si l’eau rougit, si les esprits des animaux : fleur de peau, tire-d’ailes, le chat-tortue, la lirelie rose (c’est une petite pomme de terre germée), le papegeon (c’est un baiser où les cils se rencontrent, c’est une paupière battante), voyez si la civelle lascive et les aimables innomées ne lui sortent pas par tous les pores. Troublez l’animarium avec une baguette de verre, le mot agitateur s’impose à vous et vous fait sursauter. Elle vient enfin de la créature attendue, elle ne sait où poser ses larmes…

Prenez un miroir : grattez le tain à hauteur de l’œil droit sur quelques centimètres ; passez derrière l’endroit éclairci une bande sur laquelle vous aurez fixé de petits objets hétéroclites, et regardez-vous au passage dans les yeux. C’est le jeu de l’escarbille.

[…] (Cahun 1936)

Breton ne se trompait pas, la créativité du langage (inventions : « papegeon », réactivation d’expressions lexicalisées par transformation et déplacement de sens : « chat-tortue » ) et la force des images (« éponge taillée en forme de cerveau ») donnent à ce texte une tonalité surréaliste.

Parallèlement à l’écriture de ce texte, Claude Cahun exposa deux objets surréalistes chez Charles Ratton: « Souris valseuse » et « Un Air de famille » et réalisa des clichés servant d'illustration pour Le Coeur de Pic, recueil de textes pour enfants écrits par Lise Deharme. Paul Eluard lui écrivit à ce propos :

Chère amie,

Lise est évanouie de bien-être et de chaleur sur une chaise longue et c'est un grand plaisir pour moi de me mêler de vous écrire. Vos photos sont idéales pour les poèmes de l'Heure des Fleurs [nom initialement prévu, ndlr]. Je crois que ce petit livre aura un immense succès. Comment, pour vous dire celles que nous préférons dans vos photos, choisir : « Le Chat botté », « les eaux du fleuve Lethé » [...] « il va pousser un plumier », « ni d'Artagnant ni mon cheval blanc », etc... sont de pures merveilles qui flattent ce qu'il y a encore de très enfantin en nous. (Eluard, 1936).

Cahun et Breton partagèrent ainsi une amitié chargée de complicité, d’affection et de tendresse. Breton encourageait son amie, la poussant à écrire :

[…] vous disposez d’un pouvoir magique très étendu. Je trouve aussi – et ne fais que vous le répéter – que vous devriez écrire et publier. Vous savez très bien que je pense que vous êtes un des esprits les plus curieux de ce temps (des quatre ou cinq) mais vous vous taisez à plaisir. (Breton, Paris 1938)

En 1937, elle signa la déclaration du lancement de la FIARI, la Fédération internationale de l'Art révolutionnaire indépendant, tentative faite par Breton et Trotski de regrouper les artistes révolutionnaires sensibles à l'opposition de gauche.

Elle partit s'installer à Jersey avec sa compagne cette même année 1937. Elles furent alors rapidement confrontées, lors de l'occupation de l'île, à la présence des soldats de l'armée allemande. De 1940 à 1944, elle mena avec l'aide de Suzanne des actions visant à démoraliser les troupes nazies. Arrêtées et condamnées à mort en juillet 1944, elles échappèrent de peu à l'exécution, mais restèrent en prison jusqu'à la libération le 8 mai 1945.

Bien que très affaiblie par son emprisonnement, Claude Cahun reprit contact avec les surréalistes. Elle écrivit ainsi à Breton dans une lettre datée du 18 janvier 1946 :

Mon désir n’en peut être qu’avivé en ce qui concerne les apports surréalistes et je rêve d’ouvrir un jour les livres, la revue VVV, l’ode à Charles Fourrier (dont les pages de titre me passent sous les yeux tandis que mes doigts s’efforcent en vain d’en tourner les feuillets).

En 1953, Claude Cahun, alors en très mauvaise santé, se rendit une dernière fois à Paris où elle tint à rencontrer Breton, Péret et Schuster.

Breton fut la dernière personne à qui elle écrivit le 23 novembre 1954, deux semaines avant sa mort : « […] je suis vieille et je me bouleverse l’esprit dangereusement pour ceux que j’aime. Avertissement : vous êtes du nombre. »

Conclusion

La question du rapport de Claude Cahun avec le surréalisme est ainsi une question complexe à l’image de cette artiste aux multiples facettes. Car tout en ayant toujours manifesté sa fascination pour le groupe, tout en ayant pleinement participé aux activités du Groupe pendant plusieurs années, elle ne publia plus aucun texte après 1936 et son œuvre principale, Aveux non avenus, est plus marquée par les « emprisonnements symbolistes » qu’elle avouait dans une lettre à Adrienne Monnier, qu’aux recherches libératrices du surréalisme.

Dans son ouvrage sur André Breton, Naissance de l’aventure surréaliste, Marguerite Bonnet note au sujet du lien entre André Breton et Marcel Schwob : « Ce problème des influences est des plus complexes ; trop souvent se sont confondus sous ce terme ce qui est proprement influence et ce qui est rencontre de deux pensées ou affinités pures de deux sensibilités » (Bonnet 1975 : 60).

En dehors des activités menées avec les surréalistes, on pourrait ainsi parler de nombreux points de contact entre Claude Cahun et le surréalisme et de profondes affinités de sensibilité avec plusieurs des surréalistes et notamment avec André Breton.

Il faudrait par ailleurs établir une distinction entre l’œuvre écrite et l’œuvre plastique de Claude Cahun. En effet, son pesant héritage littéraire a certainement freiné toute possibilité de franche libération. Et si l’on peut dire qu’elle pousse le symbolisme jusque dans ses derniers retranchements dans Aveux non avenus, elle ne produisit qu’un seul texte aux préoccupations surréalistes « Prenez garde aux objets domestiques ». Cependant, en dehors du domaine sacré de l’écrit, en dehors du champ d’influence familial, Claude Cahun a produit une œuvre qui la positionne nettement dans le surréalisme. Ses objets et ses photographies servent d’illustrations à de nombreux ouvrages sur le surréalisme. Il en est d’ailleurs de même pour les expositions : des clichés de Claude Cahun sont ainsi présents dans l’exposition sur la photographie surréaliste « La subversion des images » au centre Georges Pompidou du 23 septembre au 11 janvier 2010.

On a quelquefois parlé de la planète surréaliste, écrivirent Alain et Odette Virmaux (1987 : 12) « Archipel » serait préférable, et mieux encore : constellation. Même à l’échelon national, le mot s’impose. Car le surréalisme a moins été une étoile fixe, fût-elle de première grandeur, qu’un ensemble astral en perpétuelle effervescence. Rien de statique : un examen un peu attentif révèle une prodigieuse mobilité. D’une part, le « noyau » initial a bougé sans cesse, ne serait-ce que dans ses composantes, qui dessinent de permanents va-et-vient. D’autre part, sur les marges du surréalisme, en dehors et en face de lui, voire à l’intérieur de son espace propre, toute une série de « sous-ensembles flous » gravitent continuellement.

Claude Cahun fut l’une de ces étoiles, étrange, singulière, gravitant selon son mouvement propre dans la constellation surréaliste.

Dans une lettre envoyée en 1953 à Schuster, surréaliste de la jeune génération d'après-guerre, Claude Cahun clame son amour pour le surréalisme d’une manière très émouvante : « Dans l'ensemble de ma vie, je suis ce que j'ai toujours été (mes plus anciens souvenirs d'enfance en témoignent) : surréaliste. Essentiellement. Autant qu'on le peut sans se tuer ou tomber au pouvoir des aliénistes. »

Bibliographie

Correspondance active (inédite)

Cahun, Claude. À Breton, André (1946), Jersey, 18 janvier

Cahun, Claude. À Breton, André (1954), Jersey, 23 novembre.

Cahun, Claude. À Desnos, Robert, (vers 1931) Paris.

Cahun, Claude. À Desnos, Robert, (1932) Nantes.

Cahun, Claude. À Michaux, Henri, (1930) Paris.

Cahun, Claude. À Michaux, Henri (sans date), Jersey.

Correspondance passive (inédite)

Breton, André (1932), Paris, 12 avril.

Breton, André (1936), Paris.

Breton, André (1938), Paris.

Crevel, René (1934), Davos.

Crevel, René (1935), Davos.

Desnos, Robert (1931) Paris.

Éluard, Paul (1936).

Michaux, Henri (1925).

Michaux, Henri (1926) Paris, 30 mars.

Michaux, Henri (1934) Paris.

Michaux, Henri (vers 1937) Paris.

Autres références

Allain, Patrice (2006). « La famille Schwob. Des lettres de la République à la République des Lettres » in Europe, Paris, 32-49.

Allain, Patrice (1994). Jacques Viot, « Du rêve surréaliste aux rives du Pacifique : l’art des découvertes », in le catalogue de l’exposition Le rêve d’une ville. Nantes et le surréalisme, Musée des beaux-arts de Nantes et Réunions des Musées nationaux.

Breton, André (1924). « Robert Desnos », Le Journal littéraire, Paris, juillet 1924.

Breton André (1992). « Qu’est-ce que le surréalisme », in Œuvres complètes, t. 2, Paris : Éditions Gallimard (=Bibliothèque e la Pléïade), 223-262 [1ère éd. 1934].

Bonnet, Marguerite (1975). André Breton, Naissance de l’aventure surréaliste. Paris, Éditions José Corti.

Cahun, Claude (1914). Mercure de France, n°406, Paris.

Cahun, Claude (1930). Aveux non avenus. Paris, Éditions du Carrefour.

Cahun, Claude (1936). « Prenez garde aux objets domestiques », in Cahiers d’Art, I, II, « l’Objet », Paris.

Cahun (2002). Claude Cahun. Écrits. Éditions Jean-Michel Place, édition établie par François Leperlier.

Chénieux-Gendron, Jacqueline (1984). Le surréalisme. Éditions des Presses universitaires de France, Paris.

Deharme, Lise (1937). Le Cœur de Pic, illustré de vingt photographies de Claude Cahun. Paris, Éditons José Corti.

Kahn, Gustave (1924). « Art », Mercure de France, n°626, 15 juillet 1924, Paris.

Schwob, Maurice (1914). « L’humanité contre la bestialité », Le Phare de la Loire, Nantes.

Virmaux, Alain et Odette (1987). La Constellation surréaliste. Lyon, La Manufacture.

Citer cet article

Référence électronique

Charlotte Maria, « Claude Cahun et le surréalisme », Texte et image [En ligne], vol. 1 | 2011, publié le 14 avril 2011 et consulté le 29 mars 2024. DOI : 10.58335/textetimage.140. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textetimage/index.php?id=140

Auteur

Charlotte Maria

Doctorante, Université de Caen Basse-Normandie, Maison de la Recherche en Sciences Humaines, Esplanade de la Paix, Campus 1, 14032 Caen Cedex – charlotte_maria [at] hotmail.com