Latin et anglais, sermons et littérature : des transmissions textuelles dans l’Angleterre d’Elisabeth

Résumés

Au XVIe siècle, au temps d’Elisabeth I, les prédicateurs anglais lisent en latin des textes d’époques très diverses, textes bibliques, histoire, traités de morale et de droit, répertoires symboliques. Ces derniers textes (Bersuire, Bromyard, Vincent de Beauvais, Peraud) sont édités et utilisés du XIIIe jusqu’au XVIIe siècle. Les prédicateurs confrontent aussi les traductions, notamment celles de la Bible, se tenant au courant des développements les plus récents. Mais l’analyse des sources d’un prédicateur réformé ordinaire, Francis Trigge et de leur utilisation montre un réemploi des matériaux antérieurs les plus traditionnels (glose ordinaire, glose du droit canon) pour réfléchir aux évolutions sociales. Parlant en anglais à un public étendu de façon répétée et explicite, les prédicateurs lui transmettent argumentations, schémas narratifs et représentations symboliques. Des exemples tirés de nombreux sermons, et notamment de celui de Trigge, montrent ces transmissions aux auteurs littéraires qui écrivent en anglais (Shakespeare, Sidney et Lyly). Les symboles ne sont pas ornementaux ; ce sont des condensés de signification, des outils d’argumentation et de réflexion au moment où l’analogie est confrontée à la culture de la curiosité.

Elizabethan preachers read a wide range of texts spanning several centuries: Biblical, historical, moral, law treatises, compendiums of symbols and distinctiones. Vincent of Beauvais, Bersuire Peraud or Bromyard were published and used from the 13th century to the 17th century. Preachers also compared Biblical translations and knew the most recent developments. Yet even a dedicated reformer such as Francis Trigge will be influenced by the glossa ordinaria and the gloss of the Decretum when pondering over social changes. Speaking in English repeatedly and explicitly on the realities of their day to a wide audience with those very ancient and very modern tools, they shape the mental background of the general public, conveying lines of argument, narrative structures and symbols. The examples for this analysis are drawn from Trigge, an ordinary preacher, and many other such showing those transmissions to English literary writers, Shakespeare, Sidney and Lyly. Symbols are not cosmetic, they encapsulate meanings, they are intellectual tools. With them writers ponder and argue, even in the late 16th century when curiosity challenged analogy.

Plan

Texte

1. Transmissions textuelles dans la prédication

Au XVIe siècle, contrairement à ce qui se passe au début du XXIe siècle, les sermons étaient des textes que tous écoutaient et que beaucoup lisaient. On peut même penser que c’étaient les textes les plus répandus. La lecture assidue de sermons imprimés en Angleterre au XVIe siècle et non réimprimés depuis, pratique devenue très minoritaire, est éclairante pour la science des religions et l’histoire sociale, mais elle est aussi essentielle à l’histoire des idées en général : elle permet d’approcher les représentations et leur médiatisation alors que nous nous éloignons de plus en plus de cet univers symbolique. Elle permet donc de mieux comprendre les autres productions textuelles, et notamment ce que nous avons consacré sous le terme de littérature. Les prédicateurs sont les héritiers d’une longue tradition qui s’étend sur des siècles, transmettant argumentations, schémas narratifs et représentations symboliques.

La première partie de ma démonstration portera sur les idées sociales et morales en prenant comme exemple un sermon de Francis Trigge1, sermon sur les abus sociaux, la nécessité d’écouter l’Écriture et les signes de la fin des temps, assez caractéristique de l’anglicanisme qui se dessine sous le règne d’Elisabeth I. Ce bon protestant2 surprend par la continuité de ses sources.

Dans ce sermon publié en 1595, sa Bible est la Vulgate3 qu’il traduit lui-même en anglais selon les usages de toujours, ceux décrits par les spécialistes de la prédication du XVIIe siècle, mais avec le plus grand soin dans ses choix de traduction. Il confronte à l’occasion la Vulgate avec la Septante, soit dans son texte grec soit dans la traduction latine de ce texte, utilisant peut-être une version polyglotte, comme celle qui fournit en 1569 texte grec, texte syriaque et leur traduction en latin ainsi que la Vulgate. Il connaît l’hébreu et semble bien connaître le grec, et son intérêt pour les langues bibliques, les significations qu’elles véhiculent et les divergences des textes, est certain.4 Trigge confronte aussi la Vulgate avec la traduction latine nouvelle de l’hébreu de Tremellius, Juif érudit converti : il est donc au courant des développements récents. Mais il reste influencé par la glose et ses lectures allégoriques et morales. Par exemple il souligne que Lot attendant l’étranger aux portes de la ville est comme Abraham un exemple d’hospitalité, interprétation qui figure dans la glose.5 Il voit dans la pécheresse qui lave les pieds du Christ avec du parfum et qui serait Marie Madeleine un exemple qui doit nous inciter à remplacer les immondices du péché par les parfums de la prière. Cette tradition d’identification du parfum et de la prière avec les immondices et le péché, se référant à un texte paulinien, est tout à fait bienvenue chez un réformé, mais on remarquera que le rapprochement des deux textes du Nouveau Testament vient de la glose et que le prédicateur s’appuie ici, comme ailleurs, sur la glose. Non seulement sur la glose mais aussi sur une interprétation traditionnelle de l’Écriture : il suit la tradition apocryphe de l’identification des deux personnages et son symbolisme est dans la droite ligne de saint Bernard.6

Trigge n’est certainement pas obscurantiste. Il a recours à d’autres lectures parabibliques fort prisées à la Renaissance, qui étaient dans leur redécouverte le pendant religieux de la réappropriation des sources antiques par les humanistes. D’abord avec une allusion aux colonnes de Seth. Ces colonnes de brique et de pierre marquent à jamais le lieu de la révélation recueillie par les patriarches par-delà le Déluge et les destructions par le feu dans certaines élaborations intertestamentaires. Trigge a dû s’inspirer des Antiquités juives de Flavius Josèphe.7 Il manifeste ainsi qu’il est dans la ligne humaniste s’appuyant sur l’héritage antique, en l’occurrence hellénistique. Et il inscrit aussi son message dans le contexte prophétique des signes du dessein de Dieu qui se révèlent à la fin des temps, non seulement dans les désastres, mais aussi dans la manifestation d’une vérité qui, elle, ne sera jamais anéantie ; c’est une assurance qui a un écho très fort chez les réformés : nulle persécution n’abolira les colonnes de Seth ni le message que portent après Seth les prédicateurs réformés. Cette histoire montre aussi sa conviction que le message de la révélation se transmet à travers des textes pluriels et inspirés, par des moyens linguistiques pluriels. Il évoque d’ailleurs Origène dont il connaît certainement les Hexaples. Le sermon de Trigge comporte encore un long développement sur les oracles chaldéens des Sibylles qui prophétisent et la venue du Christ, comme le prophète Isaïe (le texte sur lequel porte le sermon), et la fin du monde. Le message est comparable : je suis humaniste et les textes confortent les positions réformées. On est dans la prisca theologia comme à la Chapelle Sixtine. Trigge cite longuement le texte, le corrige, le scrute. Il retraduit en anglais le texte latin de la version de Castalion, qui était donc déjà une traduction du grec, d’un texte qui se voulait syriaque. On voit que l’ouverture à d’autres langues et d’autres sources passe par le latin, mais comme souvent à la Renaissance un latin d’époques diverses. Cicéron a cité les Sibylles, souligne Trigge. Mais en fait c’est une référence qu’il tient de la Cité de Dieu.8 Forçant encore le message de saint Augustin, Trigge sollicite donc le texte de Cicéron pour montrer que les païens témoignaient (de leur plein gré ou en dépit d’eux-mêmes) de la Révélation. L’argumentation fait par conséquent appel à un étayage de textes complexe. Ces références nous montrent les passages d’une langue à l’autre et d’un domaine profane à un domaine sacré ; les textes païens sont toujours manipulés par la lecture chrétienne, mais ils sont relus et l’éclairage est nouveau : les Sibylles montrent l’Antéchrist à l’œuvre dans la Rome papale.

Une réutilisation différente de matériaux anciens apparaît dans les longs développements du prédicateur sur l’usure. Lorsque Trigge attaque les canonistes coupeurs de cheveux en quatre,9 on ne voit là rien que de très habituel chez un protestant. Mais on découvre ensuite que là non plus il n’est pas un représentant de la sola scriptura conforme à nos attentes. L’usure est, dit-il, « the poison of inheritance ». C’est d’abord un écho des textes qui voient dans l’usure un poison, le venin d’une vipère, ce qui manifeste un intérêt pour les citations patristiques, ou pseudo-patristiques, car le texte le plus cité est celui du Ps-Chrysostome qu’on retrouve dans les anthologies, bien avant le XVIe siècle et bien après qu’Erasme eut montré que Chrysostome n’était pas l’auteur de l’Opus imperfectum :

Comme celui qui est piqué par l’aspic tombe endormi de plaisir et meurt ainsi de la douceur de cette torpeur : de même qui reçoit le bénéfice/l’intérêt de l’usure en éprouve pour un temps du plaisir en homme qui à cause de la douceur du bénéfice ne sent pas comment il en devient captif.10

Mais ce n’est pas seulement un retour aux sources patristiques, fussent-elles apocryphes, car Trigge attribue cette phrase à Bernardus.11 Quid est usura ? Venenum patrimonii figure dans le Promptuarium de Hondorff traduit par Lonicerus où la phrase est attribuée à Divus Bernardus. Mais toutes les éditions de saint Bernard de Clairvaux du XVIe siècle signalent nettement que la lettre dont le texte est tiré (de cura et regimine rei familiaris) n’est pas de lui et elle est toujours classée à part dans les dubia. Il est clair que le luthérien Hondorff (et Trigge après lui) n’a lu ni la lettre dans son entier ni les avertissements des nombreux éditeurs de saint Bernard à son sujet. Les deux auteurs retiennent cette définition imagée de l’usure parce qu’elle a le poids de la tradition : c’est le résumé des positions canoniques telles qu’elles sont énoncées dans la glose des Décrétales par un autre Bernardus, Bernard de Parme.12 Trigge énonce à leur suite une condamnation absolue de toute usure comme fatale dans cette vie et dans l’autre pour l’usurier et son débiteur. A l’époque les pratiques économiques et financières nouvelles ont des conséquences fâcheuses sur le commun (Trigge le dénonce comme d’autres dans son attaque des enclosures)13 et les positions protestantes évoluent vers une réflexion sur les contrats justes ou injustes comme on le voit dans les Loci communes de Melanchthon et même les catholiques post-tridentins infléchissent leurs positions.14 Mais Trigge est fortement inspiré par la position traditionnelle.

A propos de l’usure, Trigge, encore, cite le Lévitique et il ajoute que l’usurier est condamnable car il vend du temps.15 Il semble dire deux choses contradictoires. Rappelons que le Lévitique prescrit que tous les sept ans, lorsque les dettes sont remises, on paye pour le prix d’un champ loué selon le temps pendant lequel il a été utilisé ; mais la morale médiévale chrétienne plus dure dit : on ne saurait en aucun cas vendre le temps. Trigge suit en fait deux traditions, et en donnant la référence Lévitique 25, 16, il juxtapose deux positions sur l’usure. D’abord l’hébraïque qu’on trouve dans l’Écriture, et l’Écriture ne ment jamais, et pour beaucoup elle parle d’elle-même, c’est la sola scriptura, et donc les protestants la citent comme inspiration première et transparente de la morale. L’autre position est chrétienne et « médiévale », elle vient d’une tradition très ancienne, très constante mais bien postérieure. L’expression vendit tempus la résume pour les spécialistes de droit canon. Trigge la reprend ne varietur. On la trouve dans Bromyard, dans Péraud et Vincent de Beauvais, ces anthologistes et moralistes qui écrivent au XIIIe ou au XIVe siècle et qui sont imprimés jusqu’au XVIIe siècle. Le raisonnement est le suivant : celui qui prête à intérêt demande de l’argent au-delà du capital prêté ; il vend donc du temps ; or le temps, comme l’air et l’eau,16 appartient à tout le monde, c’est un don gratuit de Dieu ; donc les usuriers volent Dieu.17 Trigge reproduit aussi très exactement les calculs de l’usure liée aux spéculations sur la vente à terme fournis par ces répertoires.18

L’examen attentif du texte montre donc que le droit d’inventaire de la Réforme s’exerce longuement et de façon subtile. Un dialogue implicite avec des textes très anciens se poursuit sans qu’on le proclame. Il est partiellement masqué par le passage du latin de la source à l’anglais du sermon. La continuité est plus forte que d’autres écrits de controverse le laisseraient imaginer et la relecture de l’héritage plus fine aussi. On peut penser que le sermon de Trigge n’est pas un cas isolé.

2. Le symbolisme dans la prédication et la littérature

La deuxième partie de mon analyse s’efforcera de montrer que les sermons éclairent très utilement ce que nous appelons la littérature par leurs images, leurs symboles et leurs représentations en général. La prédication, qui est une activité pédagogique, explicite une vision du monde dont la littérature est si bien pénétrée que la portée des symboles peut rester implicite, parce qu’elle allait de soi pour le lecteur élisabéthain. Nous prendrons nos deux premiers exemples dans Trigge. D’abord « Briars », les buissons d’épines, vepres en latin, terme qu’on trouve exclusivement dans l’Ancien Testament et surtout dans Isaïe, notamment en 5, 6. Il est utilisé dans la traduction de la prédiction de la Sibylle.19 Dans les renvois de l’interprétation à l’intérieur même de l’Ancien Testament les déboires historiques du ou des royaumes juifs reçoivent une interprétation morale : leurs défaillances morales et la rupture de leur relation avec Dieu sont à l’origine de la défaite. Mais cette lecture du châtiment indique aussi prophétiquement l’espérance du redressement qui accompagnera un autre comportement et la reprise de l’alliance avec Dieu : le royaume qui est une vigne présentement envahie de ronces retrouvera alors sa fertilité. Par typologie, en confrontant Ancien Testament et Nouveau, c’est l’annonce de la venue du Christ, et le texte d’Isaïe éclaire d’autres textes, évangéliques, sur le semeur, la vigne et le royaume. L’allégorie évolue encore au XVIe siècle et elle a beaucoup servi dans les sermons pour dire aux Anglais, vigne du Seigneur et nouvel Israël, vraie Église : vous ne serez pas envahis ni livrés à la destruction si vous avez la vraie foi protestante avec toutes ses implications éthiques, unis autour d’une reine qui a la vraie foi. Convertissez-vous et soyez fermes dans votre foi individuellement et collectivement.

Tout cela éclaire A Midsummer Night’s Dream où Shakespeare emploie le mot briars, terme consacré dans toutes les Bibles anglaises depuis Wycliff, pour traduire le passage d’Isaïe :

Je vous poursuivrai; je vous mènerai en rond, en rond, par les marais, par les buissons, par les fourrés, et par les ronces.20

Faibles, désorientés, la peur est la plus forte, tout autour d’eux semble les attaquer. Chaque plante devient ennemie. Ronces et épines agrippent leurs vêtements, arrachent à qui une manche et à qui un chapeau et ils les abandonnent. Moi je les mène épouvantés dans cette ronde folle.21

Epuisée et souffrante, comme jamais misérable, trempée par la rosée, déchirée par les ronces, je ne puis me traîner, ni avancer d’un pas.22

Que tous les elfes, que tous les esprits féeriques dansent et sautillent du pas menu des oiseaux qui des buissons s’envolent. Chantez tous après moi ce couplet, et dansez-le et dansez-le à pas léger.23

La forêt où l’on erre, où l’on trahit et où les sentiments fluctuent à l’aveuglette a une forte dimension symbolique, mais elle est aussi matérialisée et rendue réelle par la mise en scène, c’est une allégorie littéralisée. Forêt inquiétante où certains pensent croiser des bêtes féroces mais forêt où d’autres ne discernent qu’insectes, oiseaux et fleurs, et où Bottom peut s’imaginer et se chanter oiseau, elle se retrouve sous ses deux aspects dans l’incantation finale psalmodiée par Puck pour la dernière occurrence du mot briar : dans le retournement de la comédie un autre royaume sans destruction finale est promis, mais il faut sentir la menace contraire véhiculée d’abord par ce mot.

Le sermon de Trigge éclaire un autre concept dont l’origine théologique est souvent ignorée, « the world out of square », le monde dont la structure a été déformée par la chute, dénoncé par Hamlet :

Toute chair suit un cours corrompu et se dévoie. Les hommes de tous états et métiers sont déréglés et dépassent les limites qui leur sont assignées : voilà ce que nous signifie le Prophète. Aujourd’hui les pieds précèdent la tête, ne veulent pas se conformer au gouvernement de la tête ni à ses directives et ce comportement est assurément monstrueusement contre nature.24

La subjectivité et l’objectivité de cette vue du monde fluctuent dans la pièce de Shakespeare et au gré des mises en scène, ce qui contribue au tragique de l’ambiguïté caractéristique de cette histoire, mais Hamlet définit en deux vers ce que sa tâche a d’impossible et de sisyphéen : « The time is out of joint. O cursed spite /That ever I was born to set it right.” (I, 5, 197), [le temps est disloqué. Ah maudit que je suis d’être assigné pour le redresser] ; car il est hors de sa portée d’être le rédempteur de ce monde. On y a vu parfois une inflexion personnelle, existentielle de Shakespeare. Et de même on a vu dans les vers du First Anniversary de Donne une angoisse personnelle et un vertige baroque.25 Des histoires littéraires ont aussi souvent affirmé que ces textes reflètent un changement des mentalités, un grand tournant de l’histoire des idées. Cela du moins paraît fort douteux à qui lit Trigge et maints autres prédicateurs qui lui sont contemporains ou le précèdent : les signes des temps montrent que nous sommes à la fin du septième âge du monde, au moment du quatrième royaume inique, le jugement dernier est proche. Relecture de tous les éléments apocalyptiques néo-testamentaires, relecture de saint Augustin, redécouverte de la littérature apocryphe, dont les Sibylles, lecture des chroniques universelles et des écrits de controverse, les prédicateurs lisent tout cela, en latin, et parlent ensuite avec insistance, en anglais pour leur troupeau chrétien, du monde out of square, où plus rien n’est d’équerre, mais les spécialistes de littérature élisabéthaine ultérieurs apportent pour leur part une oreille sourde et rétive à leur argumentation.

Nous avons, avec ces deux exemples, attiré l’attention sur les messages portés par un symbolisme traditionnel s’exerçant sur la longue durée et dont le plus sûr relais est la prédication. Nous poursuivrons cette thèse en soulignant le rôle des répertoires symboliques, écrits, dont les racines sont hellénistiques, produits en nombre aux XIIIe et XIVe siècles réimprimés et anthologisés jusqu’au XVIIe siècle. Leur latin est traduit en anglais pour un public très large par les prédicateurs. Ma dernière partie donnera quelques exemples des avatars de leurs images.

D’abord une image apparemment isolée, celle de la chrysolite employée par Othello, qui n’est pas une simple touche ornementale :

Eût-elle été fidèle, si le ciel avait créé pour moi un autre monde semblable d’une entière et pure chrysolite, je ne l’aurais pas échangée pour l’avoir.26

Toutes les propriétés prêtées à cette pierre au cours des âges éclairent l’épisode. Retenons certes d’abord l’origine éthiopienne, à relier aux objets et qualités exotiques qui entourent Othello, mais voyons le tragique de l’exotisme : l’aliénation et la perte qui lui sont attachés en opposant la chrysolite au mouchoir, seul reste intime du passé. Cette pierre est aussi un remède à la peur ; ce serait donc un remède approprié contre la manipulation d’Othello par la peur mentale nocturne que lui communique Iago. Peur qui est toujours associée aux démons dans toutes les descriptions des vertus de la pierre.27 Othello dit bien dans cette déclaration, avec une ironie tragique dont il va bientôt percevoir la portée, que le seul talisman contre les maléfiques influences de Iago était Desdémone, qui ne fut pas reconnue comme telle. Ne voyons pas, par une interprétation anachronique, de la magie régressive dans cette idée. La chrysolite est d’ailleurs fortement associée au Christ et au culte divin, ce qui conforte la leçon Judean, au lieu de Indian pour le monologue final.28 Enfin la pierre donne la sagesse et protège de la bêtise. Elle aurait donc pu protéger Othello de la bêtise à propos de laquelle les critiques se sont déchirés depuis T. S. Eliot, et même Rymer au XVIIIe siècle. Cette bêtise est tragique si on la voit comme à la fois induite et coupable mais curable, selon une vue théologique dont les lecteurs du XVIe siècle saisissaient la portée.

Mon deuxième exemple est une image narrative récurrente de l’Arcadie, celle du rocher et de la forteresse sur le rocher. C’est dans la morale aristocratique et héroïque de Sidney le symbole de la vertu qui est excellence et se hisse par l’effort au-dessus du commun.29 Elle est tributaire de nombreuses références dans les livres narratifs de l’Ancien Testament et les Psaumes et à ce titre elle fut très utilisée par les prédicateurs anglais. D’abord, parce que selon leur méthode exégétique il fallait relire toute la Bible, et notamment l’Ancien Testament, percevoir la portée littérale et morale de récits et de textes qui s’éclairent l’un l’autre, loin des allégorisations hasardeuses de maints exégètes du passé. Ensuite, pour prêcher une morale de foi résistante pour tout chrétien, pour les gouvernants et les rois, et singulièrement pour Elisabeth, nouveau David. En voici quelques exemples :

La Tour de Dieu: cette Tour renforce toutes les autres; cela en fait des tours fortes, cela les rend capables de résister aux assauts, aux coups, cela en fait des forteresses.30

La parole de Dieu est un roc qui n’est pas soumis aux coups du hasard.31

Qui entend les paroles du Christ est semblable a un homme qui a bâti sa maison sur un roc, la pluie est tombée, les inondations sont venues et le vent a soufflé et elle n’est pas mise à bas car elle est ancrée sur un roc. Mais celui qui entend les paroles du Christ et ne les suit pas est comparable au fol qui bâtit sa maison sur le sable.32

Tout comme la cité ou le château établi et construit au sommet d’une colline est à découvert et l’objet de toutes les tempêtes et les ouragans, ainsi les hommes des catégories sociales supérieures qui siègent au plus haut dans des fonctions dominantes sont plus que les autres incités par le diable à se jeter dans l’abîme par ambition.33

Cette leçon est mise en images narratives par Sidney. Par la défaillance du roi d’Arcadie,34 faute de cette élévation morale héroïque, trois princesses, dont l’héritière du trône, sont emprisonnées dans une forteresse par une princesse rebelle (et les prédicateurs élisabéthains rappelaient souvent la fermeté morale et les convictions religieuses de la souveraine semblablement enfermée au règne précédent). Elles sont soumises à toutes sortes de tentations, y compris contre leur foi, mais le roc de leur foi, la citadelle imprenable de leur vertu morale, les aidera à résister.35 Il faut lire l’idée protestante de la résistance dans le livre III de l’Arcadie.

La fin du Livre I de l’Arcadie introduit ce message de résistance protestante en s’inspirant de la Bible. En I Samuel XVII, 34-36 David raconte à Saül qu’il a tué un lion et un ours qui attaquait les troupeaux de son père et qu’il saura combattre les Philistins de la même façon. David berger puis guerrier puis roi est le modèle politique et religieux des deux princes quand ils tuent l’ours et le lion envoyés par une princesse rebelle, qui avaient fait irruption dans la retraite pastorale et menaçaient la famille royale. La Bible et les sermons protestants définissant la place du souverain et la conduite religieuse et politique de ses sujets éclairent la nature allégorique d’un épisode romanesque.

3. Interprétations des images symboliques

Je conclurai avec une analyse de l’image bien connue de la cire pour montrer la persistance de certaines représentations, mais aussi leurs avatars sur la longue durée. Les citations sont données dans la liste des citations sur la cire ci-après. Dans les Apophtegmes des Pères du Désert, fort lus au Moyen Age, on insiste avec cette image sur la nécessité de l’épreuve. Pour Clément d’Alexandrie, dont l’accent est typiquement néoplatonicien, l’âme doit se détacher des émotions, plaisirs ou douleurs, pour se détacher des contraintes du corps. Philon, plus subtilement, brouillait les cartes : il faut des sensations, ce que nia ensuite saint Augustin, influençant les interprètes ultérieurs. Johannes a San Geminiano semble très dichotomique, mais il souligne que la conscience est devant un choix. Pour Érasme ce choix apparaît, comme dans maints similia,36 comme heureusement clair et portant à l’optimisme. Citons deux prédicateurs dont on verra qu’ils reprennent l’image traditionnelle dont la prédication fut un puissant relais. Carpenter met classiquement l’accent sur la mémoire, mais cette mémoire est un vecteur théologique ; le premier enseignement doit venir de Dieu et donc des textes inspirés qui nous furent laissés ; c’est un protestant orthodoxe, de la variété pessimiste : le prédicateur doit montrer une insistance pédagogique de tous les instants. Abbot est au contraire étonnamment ouvert : il élimine l’axiologie élus/réprouvés, vices/vertus pour une vue optimiste de la parole unique diffractée en comportements humains pluriels sans condamnation. J’ai inclus Guazzo dans cette liste parce qu’il fut souvent dit qu’il a influencé Lyly, mais on voit que l’image peut être inspirée à Lyly par d’autres sources. Et j’en viens à cet auteur d’un récit très rhétorique qui est l’inventeur de ce qu’on a appelé l’euphuisme.37 Chez Lyly il y a comme toujours un débat, des joutes dialectiques, et en contexte la réponse du héros est insolente. Il faut avoir lu sur le sujet les interminables et innombrables discours parénétiques, pédagogiques, et ceux des œuvres de fiction, se souvenir du feu roulant des dialogues à la lourde morale dont on infligeait la lecture et la mise en théâtre aux adolescents pour en mesurer l’insolence et soupçonner qu’elle fut la raison du succès de l’œuvre en son temps. Shakespeare, à l’ouverture d’A Midsummer Night’s Dream, se livre lui aussi à une relecture ironique, car Hermia est tout sauf de la cire molle et je crois qu’il indique bien aussi que si les enfants se soumettent comme le répète le symbole de la cire, ils peuvent tout craindre. Avec Lyly et Shakespeare s’ouvre donc le débat sur les limites et les conditions de l’impression légitime. Ni leur position, ni celle d’Abbot ne sont encore caractéristiques, mais elles sont significatives.

Nous voyons donc une grande continuité des images mais tout un éventail d’interprétations. J’en conclus que les symboles sont pendant tous ces siècles et encore au XVIe siècle un véritable outil de réflexion et un ancrage pour l’argumentation.

Il y a cependant une évolution des signes et du sens qu’on voit nettement en lisant Lyly. On observe bien la parenté étroite de ses images avec celles des prédicateurs. On le voit avec l’image de la percée de l’eau et celle, inverse, de l’accroc. Elles disent, l’une que petit à petit une amélioration et un enseignement sont possibles, et l’autre au contraire que le désastre advient à la moindre faille :

Les faibles gouttes de pluie percent le marbre dur, des coups répétés viennent à bout du chêne le plus altier, une femme sotte peut avec le temps faire une brèche dans le cœur de l’homme telles que ses larmes y pénètrent sans résistance.38

Les pierres dures sont percées par de faibles gouttes, les grands chênes sont abattus par des coups répétés, le cœur de pierre le plus dur est attendri par des exhortations incessantes ou une persévérance constante.39

Le fin cristal est plus facilement rayé que le marbre dur, le hêtre très vert brûle plus vite que le chêne le plus sec, plus la soie est belle plus vite elle se salit, plus le vin est doux plus aigre il devient quand il tourne au vinaigre, une goutte de poison infecte toute une barrique de vin, une feuille de coloquinte corrompt tout le pot de porridge et le rend immangeable, une tache de fer gâte toute une pièce de mousseline.40

Toutefois, les parentés de formulation ne doivent pas occulter la réécriture critique à laquelle se livre Lyly. Il utilise les éléments constitutifs que sont les représentations symboliques des prédicateurs et leurs longues listes de preuves analogiques, mais il en change le contexte, le champ d’application et le message. Sous des dehors superficiels, il est le témoin d’une crise de la représentation. En cela il est porté par un mouvement plus général qui s’interroge sur l’analogie. Selon le credo analogique, on lit quelque chose du dessein de Dieu dans la création et la nature est au service de l’homme, au moins pour lui apprendre par des signes un sens ultime ; dans cette logique, le sort du monde est même lié aux comportements humains. Le plus souvent cette certitude s’exprime inlassablement chez les prédicateurs par une axiologie bien nette dont les ressassements de Bisse peuvent fournir un exemple extrême :

Nous étions balle et désormais nous sommes grain, nous étions scorie et désormais nous sommes or, nous étions corbeaux et désormais nous sommes colombes, nous étions boucs et désormais nous sommes brebis, nous étions épines et désormais nous sommes raisins, nous étions chardons et désormais nous sommes lys, nous étions étrangers et désormais nous sommes citoyens, nous étions prostituées et désormais nous sommes vierges, l’enfer était notre lot et maintenant le paradis est notre partage, nous étions les enfants de la colère, nous sommes les fils de la miséricorde.41

Mais on observe toute une gamme d’opinions dans les sermons à propos de la question essentielle : peut-on éduquer l’homme et le convertir ; quand tout est-il joué ? Carpenter a une vue négative et très traditionnelle de la curiosité liée à cet apprentissage.42 Pour Abbot au contraire, l’homme est par définition amendable.43 On évolue, de façon plus intéressante, vers une problématisation chez certains prédicateurs. Voici ce que dit Drant :

Car de même que quand le mûrier bourgeonne, il montre que le printemps est proche, comme la venue des hirondelles nous persuade que l’été est là, que les éclairs sont l’indice du tonnerre, la fumée celui du feu, un ciel clair qu’il fait beau, une douleur de côté indice de pleurésie, une faiblesse soudaine de maladie soudaine et le râle l’indice de la mort, de même je comprends qu’un mal va survenir et frapper la face de la terre. Néanmoins les arbres peuvent bourgeonner sans que vienne le printemps, les hirondelles voler sans que vienne l’été, la fumée se manifester en l’absence de feu, l’homme présenter une faiblesse sans maladie, une douleur de côté sans pleurésie, mais là où il y a tant de péché et si peu de repentir, là où la miséricorde de Dieu est si éprouvée et où il est si poussé à user de justice, il est inévitable que le mal descende frapper la terre.44 (Drant : D5)

Le prédicateur accumule des exemples qui tendent vers une démonstration, puis accumule d’autres exemples, mais ce sont les mêmes, qui annulent la première démonstration. Donc les signes oscillent entre une position et son contraire. Le savoir humain porte sur des signes faillibles, seule la logique divine du dessein de Dieu est sans faille, mais elle est au-delà de nous (quae supra nos nihil ad nos). Nous pouvons conclure que la réflexion sur la nature et l’homme devient plus aiguë et que Lyly en est le témoin comme Drant et plus que lui, curiosité qui interroge même si elle ne trouve pas de réponses.45 Si le symbolisme et l’analogie sont toujours des outils, non seulement rhétoriques mais aussi intellectuels, leur utilisation fait désormais problème. Les personnages de Lyly sont sûrs d’eux-mêmes, mais changent constamment de démonstration. Il y a dans leurs discours un trop plein d’images et d’images incompatibles qui restent dans leur vie (fictionnelle) surtout de l’ordre du virtuel. Les lecteurs pour leur part suivent tous ces assauts rhétoriques et perçoivent nécessairement la divergence de ces démonstrations. Lyly quant à lui, ce traducteur sournois, est un héritier rebelle, et probablement très conscient que la représentation symbolique et le raisonnement analogique faisaient partie des pratiques intellectuelles les mieux établies. C’est le témoin du scepticisme qui refait surface, le témoin aussi d’une vue positive de la curiosité qui interroge même si elle ne trouve pas de réponses :

Bien que plus on utilise le fer plus il brille, l’argent au contraire s’use et disparaît si on le frotte, bien que plus on arque le baliveau plus on pourra l’utiliser, au contraire plus on se sert de l’arc et on le courbe plus il s’affaiblit, bien que plus on piétine et on écrase la camomille, plus elle se développe, au contraire plus on touche et on manipule la violette plus vite elle se flétrit et sèche, la cire cède mieux et plus vite à l’empreinte ou au martelage que l’acier et on voit qu’il n’est aucune chose que n’est de contraire.46

CITATIONS SUR LA CIRE

Les traductions sont de l’auteur.

*De même que la cire qui n’a pas été chauffée et malaxée ne peut recevoir le sceau qu’on lui imprime, de même l’homme qui n’a pas été éprouvé par les épreuves et les maladies ne peut contenir la puissance du Christ (Apophtegmes : vol. 1, 392)

*La volupté amollit le cœur comme de la cire parce que chaque plaisir et chaque douleur clouent l’âme au corps (Clément d’Alexandrie : Stromates XX, 108, vol. 2, 117)

*En nous l’intellect joue le rôle de l’homme ; la sensation, celui de la femme. Le plaisir aborde donc et fréquente en premier lieu les sensations ; c’est par elles qu’il abuse l’intellect directeur […] semblable à une cire, l’intellect reçoit les images qui lui viennent par les sens, et c’est par elles qu’il saisit les corps, puisqu’il en est incapable par lui-même [explication allégorique de la chute d’Adam et d’Eve] (Philon : §165-166, 253) + cf. Lyly : EE 328)

*La seule et même action de la chaleur solaire fait fondre la cire, dessèche et resserre la boue, mais autre est la qualité de la boue. [La même action qui s’est produite par l’intermédiaire de Moïse a révélé l’endurcissement de Pharaon et la docilité des Egyptiens qui mêlés aux Hébreux partaient avec eux.] (Origène: III, 1, vol. 3, p. 63)

*Tunc quoque fingenda est cera, id est componenda conscientia, quae scilicet velut cera ad diversas suscipiendas figuras vitiorum et virtuum est apta : Ps 22 Factum est cor meum, tamquam cera liquescens. (Johannes a San Geminiano [composé en 1300-1310] : Livre III ch. 11, p. 102v).

[La cire qui doit être façonnée, c’est (par analogie) la conscience qui doit être disposée étant telle la cire apte à recevoir l’empreinte des diverses figures de vices et de vertus. Mon cœur est devenu comme de la cire liquide].

*Ut sol lutum indurat, ceram liquefacit : Ita eadem oratio ab eodem dicta, hunc emolliet ad poenitudinem erratorum, hunc irritabit ad contumaciam (Érasme : 621F) ou Ita eadem oratio alios reddit meliores, alios deteriores, pro ingeniorum varietate. (608A)

[Comme le soleil durcit l’argile et fait fondre la cire, les mêmes paroles proférées par le même orateur amollissent le cœur de l’un et l’amènent à se repentir, et encouragent l’autre dans son obstination à mal faire, rend les uns meilleurs les autres pires selon les natures de chacun].

*God perceiving the mind of man to be either as hard to conceive that which is good as the adamant stone is to be pierced or as unable to retain in memory that which ought ever to be remembered, as the soft wax is to hold fast the image therein unsealed against the heat of the fire. [God makes Christians remember]. (Carpenter : B1)

[Dieu percevant que l’esprit de l’homme soit est aussi endurci pour concevoir ce qui est bien que la pierre diamant est dure à percer, soit au contraire que l’homme est incapable de conserver en mémoire ce dont il faut se souvenir tout comme la cire molle l’est de retenir l’image dont elle a pris l’empreinte quand cette cire est exposée à la chaleur du feu.]

*As the sun being one doth give light to many and doth harden the clay and yet soften the wax, and maketh the flowers to smell better, and dead carrion to savour worse, and cheereth the springing plants, and cherisheth other growing things, with an influence that cannot be described, so the word of God, uttered by one man, doth serve a multitude of great numbers and fitteth every one according to his need. (Abbot : 331)

[Comme le soleil pourtant unique donne la lumière à de nombreuses créatures, durcit l’argile tout en amollissant la cire, comme il accentue le parfum des fleurs et aggrave l’odeur des charognes mortes, comme il exerce une influence favorable à la poussée des plantes et la croissance de maintes autres choses au-delà de ce qu’on saurait en dire, de même la parole de Dieu, proférée par un seul homme, sert une immense multitude de croyants et donne à chacun d’eux ce dont il a besoin.]

*[L’enfant mal éduqué l’est par la faute du père] : He ought to accuse his own negligence, for that he hath deferred till evening to give him those instructions which he should have given him early in the morning, even together as it were with the milk of the nurse : not considering that in tender minds as it were in wax, a man may make what impression he list. (Guazzo : Livre III, 44)

[Le père devrait s’accuser de négligence, car il a différé jusqu’au soir de donner à son enfant les préceptes qu’il aurait dû lui donner tôt au matin de sa vie, pour ainsi dire avec le lait de sa nourrice, un tel père n’a pas pris en considération que dans un esprit tendre on peut faire l’empreinte souhaitable, comme dans de la cire.]

* Euphues, whose wit being like wax apt to receive any impression […] disdaining counsel, leaving his own country, loathing his old acquaintance [...] rashly ran into destruction. (Lyly : AW 11)

[Euphues dont le bel esprit était comme la cire perméable à toute empreinte, dédaigna les bons conseils, quitta son pays, répudia tous les liens du passé et se précipita vers sa perte sans aucune retenue.]

*Did thy parents made thee a wanton with too much cockering? Either they were too foolish in using no discipline or thou too froward in rejecting their doctrine […] Did they not remember that […] the tender youth of a child is like the tempering of new wax apt to receive any form ? (Lyly : AW 14)

[Tes parents en cédant à tes caprices t’ont-ils fait perdre toute retenue. Soit ils ont eu la sottise de ne pas user de discipline, soit tu as été rétif et tu as rejeté tous leurs enseignements. Ont-ils oublié que dans sa tendre jeunesse un enfant est flexible comme une cire nouvelle et peut recevoir toute empreinte.]

*[réponse de Euphues] : So many men, so many minds […] There is framed of the selfsame clay as well the tile to keep out water as the pot to contain the liquor, the sun doth harden the dirt and melt the wax […] perfumes doth refresh the dove and kill the beetle. (Lyly : AW18) [A chaque homme son opinion. On moule dans la même argile la tuile qui protège de l’eau extérieure et le pot qui préserve un liquide, le soleil durcit l’argile et fait fondre la cire, les parfums redonnent force à la colombe et tuent le scarabée. ]

*To you your father should be as a god :
One that composed your beauties, yea, and one
To whom you are but as a form in wax
By him imprinted, and within his power
To leave the figure, or disfigure it. (A Midsummer Night’s Dream, I, 1, 49)

[Ton père devrait pour toi être un dieu, celui qui a composé ces beautés, un dieu pour qui tu n’es qu’une forme dont il a fait l’empreinte dans la cire, à lui le pouvoir de laisser la figure subsister ou de la défigurer.]

Bibliographie

Bibliographie

Abbot, George (1600). An Exposition upon the Prophet Jonah, London.

Albertus Magnus (1651). De minerabilibus in Opera omnia, Lyon.

Apophtegmes des Pères (1993-2005). Paris, Cerf, Sources Chrétiennes.

Bentham, Jeremy (s.d. avant 1578). A Notable and Comfortable Exposition, London.

Bernard de Clairvaux (1865). Œuvres complètes, Ed. Charpentier, Paris.

Bernard de Parme (glose de) (1584). In Corpus juris canonici, Lyon.

Bartholomaeus Anglicus (1556). Le grand propriétaire des choses, Paris.

Bisse, James (1581). Two Sermons Preached 1580, London.

Bibliorum sacrarum cum glossa ordinaria […] et postilla Nicolai Lyrani (1589), Lyon.

Bromyard (1614). Summa praedicantium, Anvers.

Cajetan, Thomas (1582). Opuscula minora, Turin.

Carpenter, John (1591). Remember Lots Wife, London.

Chamberlaine, Bartholomew (1587). A Sermon preached at Farington, London.

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Couton, Marie, (2010) : « Entre dogmatisme et scepticisme, la bonne parole selon John Lyly », in : Anne Bandry-Scubbi et Jean-Jacques Chardin Eds, La diffusion de l’écrit/Spreading the Written Word, XVIIe-XVIIIe, 281-299, La Revue RSEAA, XVIIe et XVIIIe Hors série n°2. Paris.

Couton, Marie (2006). « Lyly’s arguing with mirabilia in The Anatomy of Wit and Euphues and his England » in : Couton, Fernandes et al. Eds, Emprunt, plagiat, réécriture, Clermont-Ferrand, Presses de l’Université Blaise Pascal, 217-234.

Dadreus, Johannes (1603). Loci communes, Cologne.

Dike, Jeremy (1629). The Righteous mans Tower or the way to be safe in the case of danger on Ps.18, 2, London.

Drant, Thomas (1572). A Fruitfull and Necessary Sermon, London.

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Guazzo, Stefano (1967). The Civil Conversation, New York, Ams reprint.

Hondorff, Andreas (1586), tr. Philippus Lonicerus. Theatrum Historicum sive Promptuarium Illustrium exemplorum, Francfort.

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Lyly, John (1964). Euphues, The Anatomy of Wit and Euphues and his England, Ed. Croll and Clemons, New York, Russell.

Mauburnus, Joannes (1603). Rosetum exercitationum spiritualium, Milan.

Melanchthon, Philippe (1561). Loci communes theologici, Bâle.

Mirabellius, Nanus (1541). Polyanthea, Cologne.

Neander, Michaelis (1583). Synopsis Chronicarum, Francfort.

Origène (1961). De Principiis, Paris, Cerf, Sources Chrétiennes.

Peraldus, Guillaume (1629). Summa virtutum ac vitium, Cologne.

Philon d’Alexandrie, (1961). De Opificio mundi, Ed. Arnaldez, Paris, Cerf.

Trigge, Francis (2013). A Godly and Fruitfull Sermon Preached at Grantham, Oxford, 1595, edited with an introduction and notes, Couton et al., Clermont-Ferrand, Presses Universitaires Blaise Pascal.

Rosselli, Cosimo (1579). Thesaurus artificiosae memoriae, Venise.

Sibyllinorum Oraculorum Libri VIII (1556): Ed. Castalion, Paris.

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Tremellius, Emmanuel (Bible de) (1596). Testamenti Veteris Biblia sacra sive libri canonici priscae judeorum ecclesiae a Deo traditi, Hanovre.

Vincent de Beauvais (1624). Speculum morale in Speculum quadruplex, Douai.

Notes

1 Francis Trigge, A Godly and Fruitful Sermon Preached at Grantham, Oxford, 1595. Nous indiquerons comme référence la pagination de l’édition de 1595, suppléée par nos soins dans notre édition. Retour au texte

2 Il attaque vigoureusement les papistes et Rome et défend la piété familiale basée sur une connaissance de l’Écriture. Retour au texte

3 Voir notre introduction à l’édition du sermon aux Presses Blaise Pascal, Clermont-Ferrand. Retour au texte

4 Il ne donne pour l’hébreu que peu de termes dans ce sermon : un terme pour traduire l’usure neshek qu’il a dû emprunter à un des nombreux traités sur la question et aux répertoires moraux où il figure, et des termes à la translittération inhabituelle : shaghir pour seyr (pilosus, Isaïe 13, 21) et nadib pour nadab. Mais il cite d’autres termes en plus grand nombre dans un autre texte en les expliquant. Il connaît le grec car il utilise Neander : 6v pour une devise morale prêtée à Osiris qui n’y est pas traduite en latin et dont la formulation est celle de Neander qui modifie Diodore de Sicile. Il fait plusieurs remarques sur les versions grecques et hébraïques du texte biblique pour signaler ses choix quand il s’éloigne de la Vulgate, mais il a pu disposer d’une version polyglotte et de ses traductions latines. Retour au texte

5 Trigge : 22. Pour ce passage voir la glose de Tremellius à Genèse 18. Retour au texte

6 Trigge : 26. C’est la glose ordinaire qui rapproche Luc 7, 36 et Romains 6, 19 à Luc 7. Pour la prière et le parfum voir Bernard de Clairvaux : sermon 90 De Diversis. Retour au texte

7 Trigge : 34 et Flavius Josèphe : Livre I, 70 sq. Retour au texte

8 Trigge : 39-49, et Castalion. Pour la référence à Cicéron voir Trigge : 42, Cicéron, De divinatione : Livre II, 54 et La Cité de Dieu : Livre III, ch. 17. Voir aussi La Cité de Dieu : Livre XVIII, ch. 23. Retour au texte

9 Trigge : 132. Retour au texte

10 Sicut qui ab aspide percutitur quasi delectatus vadit in somnium, et sic per suavitatem soporis moritur : sic et qui beneficium accipit sub usuris, pro tempore delectatur, quasi qui beneficium accipit  ac sic per suavitatem beneficii non sentit quomodo captivus efficitur. Retour au texte

11 Trigge : 132 et 136. Ps-Chrysostome, Homélie 15 sur le ch.5 de Mathieu. On trouve ce qui est habituellement appelé Opus imperfectum comme « œuvre d’un docteur incertain » dans l’édition de Chrysostome par Fronton de Duc : tome 1, 2e partie, vol.1, 40 C, col.A. Les citations sont données à usura dans Mirabellius, et dans Dadreus : 546. Retour au texte

12 La lettre apocryphe est attribuée à Bernard Silvestris. La position très dure du droit canon est la suivante : tout héritier ou héritier d’héritier, ou héritier d’héritier d’héritier est tenu, pour que soit levée l’excommunication, de restituer tout ce qui a été perçu : glose du Livre V, titulus XIX, ch. 9, p. 1738 et les gloses, Livre III, titulus XXVIII, ch. 14, p. 1209-1210 et Livre V, titulus XVII, ch. 5, p. 1729. Ces gloses dues à Bernard de Parme dateraient de 1245 et Bernard de Parme est mort en 1266. Pour la diffusion de cette idée, voir les nombreuses histoires de pères usuriers et de fils qui se retrouvent en enfer, se maudissent etc. dans Peraud ou Peraldus : tome 2, tractatus 4, pars 2 ch.1-7, 63-81 et Bromyard : secunda pars, ch.12 à usura, 469 sq. Retour au texte

13 Voir notamment Trigge : 115 et 119. Retour au texte

14 Voir Melanchthon : 762 et Cajetan : t.2, tractatus 8, quaestio 5, 153. Retour au texte

15 Trigge : 103. Retour au texte

16 Voir Vincent de Beauvais : Livre III, distinctio XI, de usura, 1301-1304; Bromyard : 469-470 (Bromyard est mort en 1390) ; et Peraud en particulier 81 (Œuvre composée entre 1236 et 1249 mais il y a une édition de 1648). Nous indiquons une tradition textuelle sans être en mesure de désigner le texte de référence précisément utilisé par le prédicateur. Retour au texte

17 Trigge : 131 qui suit Vincent de Beauvais, Bromyard et Péraud. Retour au texte

18 Voir Bromyard. Retour au texte

19 Trigge: 42: “olim/Horrebit totus cum densis vepribus orbis: Horribly then shal the worlde be, with bryars overgrowne.” [Le monde sera donc abominablement couvert d’épines]
Trigge: 43 : “Horribly then, shal the world with bryers be overgrown: before the end of the world, the vines of Jesus Christ, shalbe quite rooted out, that make men merry and joiful, that make them harbors. And briars shal florish in al places, and beare the sway; That is, cruel and covetous men, which are catching and satisfied, like briars, which if you touch or deale withal, wil pricke and hurte you, wil cause you complaine and crie out: Such briars, the world is ful of at this day. And these are a manifest signe, of the end of the world: For briars you know are good for nothing else but for the fire.” [Le monde sera donc abominablement envahi par les épines : avant la fin du monde les vignes de Jesus Christ qui rendent les hommes heureux et joyeux, qui leur font des refuges seront complètement déracinées. Et les épines prospéreront partout et triompheront. C’est-à-dire que les hommes cruels et cupides qui s’approprient tout et en jouissent, tels des épines, qui si vous les touchez ou les approchez vous piqueront et vous blesseront, vous feront gémir et crier. De telles épines le monde est aujourd’hui rempli. Et elles sont un signe manifeste de la fin du monde. Car vous le savez les épines ne sont bonnes qu’à brûler.]
Autre exemple d’un prédicateur contemporain : “ The earth which drinketh in the rain [...] receiveth the blessing of God. But that which beareth briars and thorns is reproved and is near unto cursing, whose end is to be burned.” Chamberlaine: B1. [La terre qui boit la pluie reçoit la bénédiction de Dieu. Mais ce qui porte épines et ronces est réprouvé et proche d’être maudit, car elles doivent finir au feu] Retour au texte

20 I’ll follow you: I’ll lead you about a round!
Through bog, through bush, through brake, through briar (Puck, III, 1, 101) Retour au texte

21 Their sense thus weak, lost with their fears thus strong
Made senseless things begin to do them wrong:
For briars and thorns at their apparel snatch;
Some sleeves, some hats, from yielders all things catch.
I led them on in this distracted fear. (Puck, III, 2, 28) Retour au texte

22 Never so weary, never so in woe,
Bedabbled with the dew, and torn with briars,
I can no further crawl, no further go (Hermia, III, 2, 443) Retour au texte

23 Every elf and fairy sprite
Hop as light as bird from briar;
And this ditty after me
Sing, and dance it trippingly (Puck, V, 1, 380) Retour au texte

24 All flesh hath corrupted his way, and is out of course. Every vocation or state of men is out of square, they have gone beyonde their bounds: and this is that which the Prophet here meaneth. The feete now a daies will goe before the head, they wil not follow the heads government, and direction, and this surely is unnatural and monstrous. (Trigge : 52) Retour au texte

25So is the world’s whole frame / quite out of joint”, Donne, An Anatomy of the World. The First Anniversary, v. 190 sq. [C’est toute la structure du monde qui est entièrement disloquée] Retour au texte

26 Had she been true,
If heaven would make me such another world,
Of one entire and perfect chrysolite,
I’ld not have sold her for it. (V, 2, 144) Retour au texte

27 Dicitur venire de Aethiopia. Expertum autem, quod spiritualia confortat [...] fugat terrores et melancolicas passiones […] fugat phantasmata, ut dicunt: stultitiam etiam repellere, et sapientam conferre perhibetur.  Ps-Albertus: t.2, 229. [On dit qu’elle vient d’Ethiopie. On a constaté qu’elle conforte les dispositions spirituelles, fait fuir les terreurs, mélancolies et passions, et les fantasmes aussi dit-on. On rapporte qu’elle combat avec succès la sottise et confère la sagesse]. Dans l’Hortus Sanitatis : ch. 38, 104v elle donne la sagesse, soigne les peurs nocturnes, tous les démons et la mélancolie, on la met dans l’oreille pour ce faire. Voir aussi Bartholomaeus Anglicus : Livre XVI, ch. 28. Retour au texte

28 La pierre, qui figure parmi les pierres entourant le trône du Christ, éloigne la peur (contra nocturnos valere timores), Rosselli : 45v. Egalement dans Mauburnus : eum qui chrysolitum lapidem habet […] universa opera et cogitata […] in rem celestem […] in quodammodo Divinam commutare potest, [...] hujus Divini nostri chrysoliti id est Christi pulvere aspergamur, titulus 21, 440. [Celui qui a la chrysolite peut transformer toute œuvre et toute pensée en œuvre céleste et en quelque sorte divine, aspergeons-nous donc de la poudre de notre divine chrysolite, c’est-à-dire de la poudre du Christ.] Retour au texte

29 Sidney parle à propos de Philoclea de “those minds which neither absolutely climb the rock of virtue nor freely sink into the sea of vanity” [ces esprits qui ne gravissent pas le rocher de la vertu jusqu’à son sommet ni ne sombrent sans retenue dans la mer de la vanité] et à propos de son héros, Pyrocles il dit: “[he] only wished but to come by a sword, not doubting then to destroy them all and deliver Philoclea, so little did both the men and their forces seem in [his] eyes, looking down upon them from affection’s tower.” Sidney : 332 et 428. [Il ne souhaitait que de trouver une épée, ne doutant pas qu’alors il pourrait les détruire tous et délivrer Philoclea, tant les hommes comme leurs armées semblaient à ses yeux négligeables quand il les regardait du haut de la tour de son affection.] Retour au texte

30 Gods Tower: this Tower strengthens all other towers: this makes them to be strong towers; this make them that they will bear a brunt, a shock, this makes them strongholds. (Dike : 25) Retour au texte

31 God’s word is a rock not subject to casualty. (Drant: C1) Retour au texte

32 Who heareth Christ’s words is likened to a man who has built his house on a rock, the rain fell, the floods came and the wind blew and it fell not: for it was grounded on a rock. But whosoever heareth Christ’s words and doth them not is compared to a foolish man, which buildeth his house on the sand. (Chamberlaine: B1) Retour au texte

33 Like as that city or castle that is set and builded on top of an hill is most open and object to all stormy tempests and blast of weather; so they that be advanced and sit [...] on the pinnacle or top of an office [...] are most egged on by the devil to cast down themselves through ambition. (Bentham : E) Retour au texte

34 Philanax son conseiller avertit ainsi le roi Basilius du danger de fuir ses responsabilités: “I, like a man in a valley that may discern hills, or like a poor passenger that may spy a rock, so humbly submit [my letter] to your gracious consideration, beseeching you again to stand wholly upon your own virtue as the surest way to maintain you in that you are”, Sidney 22. [Pour ma part, tel un homme qui d’une vallée peut discerner les collines, ou tel un pauvre navigateur qui aperçoit un rocher, je vous supplie de vous appuyer entièrement sur votre propre vertu comme devant, car c’est la façon la plus sûre de vous maintenir dans l’état qui est le vôtre.] Retour au texte

35She had cause to hope that either open force or undermining would best win the castle of their resolution.” Sidney. 418 [elle avait lieu d’espérer que soit la force brutale soit des pratiques insidieuses seraient le meilleur moyen de prendre d’assaut la forteresse de leur résolution] et la réaction de Pamela : « Pamela’s determination was built upon so brave a rock that no shot of hers could reach unto it. », 419. [La volonté de Pamela s’ancrait sur un rocher de courage tel qu’aucune des attaques lancées par son ennemie ne pouvait l’atteindre.] Retour au texte

36 Voir les Similia d’Erasme et les explications dans Couton 2004. Retour au texte

37 L’euphuisme se caractérise par une technique argumentative utilisant des analogies ésotériques et paradoxales. Ce jeu rhétorique tel qu’il fut pratiqué par Lyly, son inventeur, modifie la lecture d’images symboliques traditionnelles et apporte insidieusement le trouble dans le moralisme élisabéthain. Voir Couton 2006. Retour au texte

38 The soft drops of rain pierce the hard marble, many strokes overthrow the tallest oak, a silly woman in time may take such a breach into man’s heart as her tears may enter without resistance. (AW 66) Retour au texte

39 Hard stones are pierced with soft drops, great oaks hewn down with many blows, the stoniest heart mollified by continual persuasions or true perseverance. (EE 321) Retour au texte

40 The fine crystal is sooner crazed than the hard marble, the greenest beech burneth faster than the dryest oak, the fairest silk is soonest soiled; and the sweetest wine turneth to the sharpest vinegar [..] one drop of poison infecteth the whole tun of wine, one leaf of Coloquintida marreth and spoileth the whole pot of porridge, one iron-mole defaceth the whole piece of lawn. (AW 17) Comparer avec “know ye not that leaven, and a little leaven doth leaven the whole lump? That a breach, and a little breach doth mar the sale of the whole cloth: that a scar, and a little scar, doth disfigure the whole face; that poison, and a little poison, doth poison the whole body: that coloquintida, and a little coloquintida doth infect the whole pot of pottage: that a hole and a little hole in the vessel will let out all the liquor? That fire and a little fire is able to burn a whole city [make peace with Christ]. Bisse: 14. [Ne savez-vous pas que du levain, même un peu de levain fait lever toute la pâte ? qu’un accroc, même un petit accroc qui gâte le tissu le rend invendable, qu’une cicatrice, même une petite cicatrice défigure tout le visage, que le poison, même peu de poison empoisonne tout le corps, que la coloquinte, même peu de coloquinte infecte tout le pot de potage, qu’un trou, même un petit trou dans un récipient en videra tout le liquide, que le feu, même un petit feu peut détruire toute une ville, faites la paix avec le Christ.] Retour au texte

41 We were chaff but now we are wheat
we were dross but now we are gold
we were ravens but now we are doves
we were goats but now we are sheep
we were thorns but now we are grapes
we were thistles but now we are lilies
we were strangers but now we are citizens
we were harlots but now we are virgins
hell was our inheritance, now heaven is our possession
we were children of wrath, we are the sons of mercy [.….] : Bisse: 47. La disposition typographique de mon cru vise à souligner le style. Retour au texte

42 “As the stone by nature is deorsum tendens descending to the centre and the water which is not bound in fleeteth abroad: so is mortal man’s mind, prone always to that which evil is and never apt to goodness but by constraint, it […] busieth itself semblably in that which should be forgotten: and it is true indeed that the heart of man is a vile thing and unsearchable.” Carpenter: B2. [Comme la pierre par nature tend vers le bas, descendant vers le centre et que l’eau qui n’est pas circonscrite s’écoule à l’extérieur : de même l’esprit de l’homme mortel est toujours enclin au mal et jamais disposé au bien si on ne l’y contraint, et pareillement ses préoccupations le portent vers ce qu’il devrait oublier, et il est certainement vrai que le cœur de l’homme est chose vile et insondable.] Retour au texte

43 “Some things are very slightly attended by men : some things hardly believed, therefore precept upon precept, line after line, here a little and there a little, must be doubled and ingeminated, to an obstinate people, that as drop after drop pierce the hardest stone, so teaching after teaching may sound the hardest heart, even of the most obstinate flinty nature.” Abbot : lecture 6, 112. [Les hommes prêtent très peu attention à certaines choses, ils ont du mal à croire certaines choses, et donc précepte sur précepte, verset après verset, un peu ici, un peu là, à un peuple obstiné il faut répéter les leçons, il faut les redoubler. Comme goutte après goutte percent la pierre la plus dure, ainsi enseigner et enseigner encore pénètre le cœur le plus dur, la nature la plus obstinément endurcie.] Retour au texte

44 For as when the mulberry tree does bud, it shows the spring to be at hand, as the coming of the swallows is an argument of summer, lightenings of thunder, smoke of fire, bright sky of fair weather, pricking in the left side of pleurisies, sudden lytherness of sudden sickness and rutling in the throat of death [...] even so I gather [...] some ill will hap upon the face of the earth. Trees may bud and yet no spring come, swallows may fly and yet no summer come, smoke may be and yet no fire, voluntary lytherness and yet no sickness, pricking in the left side and yet no pleurisy, but where there is so much sin and so small repentance, Gods mercy so abused and his justice so egged on, there must needs ill be tide upon the earth Retour au texte

45 Voir pour une démonstration plus complète Couton 2006 et 2010. Retour au texte

46 Although iron the more it is used the brighter it is, yet silver with much wearing doth waste to nothing ; though the cammock the more it is bowed the better it serveth, yet the bow the more it is bent and occupied the weaker it waxeth ; though the camomile the more it is trodden and pressed down the more it spreadeth yet the violet the oftener it is handled and touched the sooner it withereth and decayeth .[...] the wax yieldeth better and sooner to the seal than the steel to the stamp or hammer [...] Neither is there anything but that hath his contraries. (AW 26) Retour au texte

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Référence électronique

Marie Couton, « Latin et anglais, sermons et littérature : des transmissions textuelles dans l’Angleterre d’Elisabeth », Textes et contextes [En ligne], 10 | 2015, publié le 20 novembre 2017 et consulté le 16 avril 2024. Droits d'auteur : Licence CC BY 4.0. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/textesetcontextes/index.php?id=1066

Auteur

Marie Couton

CERHAC, Université Blaise Pascal

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