Denis Langlois, Le déplacé, La Tour-d’Aigues, L’aube, 2012, 252 p.

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Connu pour ses nombreux engagements dans la gauche radicale, ponctué par de très nombreuses publications, depuis Le Cachot chez Maspéro en 1967 au Guide du Citoyen face à la police (première édition en 1980, réédition à la Découverte en 1989), Denis Langlois livre au lecteur un texte romanesque. La trame en est relativement simple. Le narrateur, dont on devine qu’il ressemble assez fortement à l’auteur, est un avocat un peu blasé et déçu, qui se voit offrir par hasard la possibilité de partir au Liban, à la recherche du fils de sa commanditaire. Nommé Elias Kassem, cet homme a disparu lors de la guerre du Liban de la fin des années 70-début des années 80. Il accepte la mission qui lui est confié, y voyant un moyen de s’éloigner d’une scène qu’il ne supporte plus.

Sa quête d’Elias s’apparente fortement à une quête personnelle d’un nouvel équilibre, d’un ressourcement. Cela vaut au lecteur un ouvrage très sensible, d’un écorché vif qui découvre un nouvel univers, bien éloigné de ses racines et des ses connaissances. Ce voyage initiatique lui permet de traverser le Liban, de Beyrouth à Jouniéh en passant par la montagne du Chouf, tout en découvrant peu à peu les traces d’une guerre impitoyable qui a vu s’affronter les communautés maronites (chrétiens) et druzes (musulmans). Comme il l’exprime « Nous sommes tous les deux des fuyards. L’avantage qu’il a sur moi : il sait où il fuit. Moi, je ne le sais pas, pour la bonne raison qu’en fait, c’est moi que je fuis, mon passé, mes illusions, mes utopies, mes déceptions ». Il se rend compte que loin d’avoir participé au massacre généralisé, Elias fut de ceux qui se dressèrent de toutes leurs forces contre la guerre, et pour cela a marqué les consciences de ceux qui l’ont fréquenté. Son périple l’amène à se rapprocher toujours plus près d’Elias, tout en dessinant au fil des pages le portrait d’un Liban travaillé par le souvenir des affrontements et des déchirures. Récit d’un voyage initiatique où le but est la découverte de soi-même, ce beau livre mérite le détour, même si le bonheur n’est pas au bout du voyage.

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Georges Ubbiali, « Denis Langlois, Le déplacé, La Tour-d’Aigues, L’aube, 2012, 252 p. », Dissidences [En ligne], Juin 2012, Varia, publié le 01 juin 2012 et consulté le 28 mars 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=637

Auteur

Georges Ubbiali

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