Jack London, Révolution, suivi de Guerre des classes , Paris, Phébus, 2008, 364 p.

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Mouvement ouvrier, Roman

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Mis à part l'idée de faire préfacer par Jack Lang ce recueil, la republication de ces textes du génial écrivain américain socialiste est un délice. Les éditions Phébus poursuivent avec ce volume la remise à disposition, dans des versions revues et parfois dans de nouvelles traductions, les œuvres jadis disponibles en 10-18, depuis longtemps inaccessibles. Ces deux livres accolés sont en fait une série de conférences prononcées par Jack London dans les premières années du XX e siècle, avant la première guerre mondiale. On y trouve également des articles confiés à des journaux ou revues. London y défend les conceptions socialistes. Ce qui frappe à travers la vingtaine de textes ici rassemblés c'est le caractère âpre, rude, du socialisme que popularise l'auteur de Martin Eden . La nouvelle « Goliath » apparaît ainsi assez symptomatique des conceptions de London. Il s'agit de l'histoire de la réalisation du socialisme aux Etats-Unis. Mais ce socialisme n'est pas le fruit d'une révolution portée par les producteurs, mais le résultat de la terreur que fait peser un potentat détenteur d'une force destructrice inégalée. Face au danger d'une disparition pure et simple, les classes dominantes acceptent l'imposition d'un socialisme, à visage au fond, assez peu humain. En fait, les textes de London sont dominés par une version sociale darwiniste du socialisme. Le socialisme n'est pas tant un choix de civilisation porté par les populations laborieuses que le fruit d'une impitoyable sélection naturelle. C'est du fait de son caractère supérieur du point de vue de la vie du plus grand nombre que le socialisme s'imposera. Cette vision s'accompagne volontiers d'un eugénisme et d'un malthusianisme de bon aloi. Le socialisme est aussi le moyen d'améliorer la race puisque les conditions de vie meilleures permettent au peuple de «  cesser de procréer comme du bétail   (…), Cependant, un petit nombre d'entre eux, reconnus incurables, furent enfermés dans des asiles de fous, et on leur interdit de se marier. On supprima ainsi toute progéniture qui aurait pu hériter de leurs tendances ataviques  » (p. 97-98). Le socialisme pour lequel milite London correspond à celui divulgué par la seconde Internationale. Un socialisme déterministe, mécaniste, implacable, s'accompagnant volontiers de toutes les illusions parlementaristes : « Le dogme essentiel du socialisme est cette doctrine menaçante : le conception matérialiste de l'histoire. Les hommes ne sont pas les maîtres de leur existence. Ils ne sont que les marionnettes actionnées par les grandes forces aveugles. La vie qu'ils vivent et la mort qui la conclut sont déterminées » (p. 344). Bref, le socialisme possède un « caractère logique et inévitable » (p. 360).

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Georges Ubbiali, « Jack London, Révolution, suivi de Guerre des classes , Paris, Phébus, 2008, 364 p. », Dissidences [En ligne], Culture, littérature (romans, BD), publié le 10 décembre 2012 et consulté le 19 avril 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=515

Auteur

Georges Ubbiali

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