Dominique Andolfatto, PCF, de la mutation à la liquidation, Monaco, Éditions du Rocher, 2005, 317 p.

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Mots-clés

Organisation, Communisme

Texte

Spécialiste de l’analyse du syndicalisme, thème sur lequel il a publié d’intéressants ouvrages, le politiste de Nancy est aussi apparenté à la revue Communisme et à l’équipe rassemblée autour de Stéphane Courtois, l’initiateur du Livre noir du communisme. La collection dans laquelle cet ouvrage est édité, dirigée par Stéphane Courtois s’intitule d’ailleurs, « Démocratie ou totalitarisme ». Peu de surprise donc en commençant la lecture de ce livre sur les orientations théoriques qui président à son écriture. Le communisme, donc le PCF est une forme totalitaire d’idéologie politique. Pas la peine donc de s’appesantir sur cette dimension, ce que l’auteur nous épargne à l’exception de quelques passages aussi virulents que brefs, qui permettent la lecture. A partir de ce postulat s’en ajoute un second, à savoir, ainsi que le titre le souligne, que le PCF est une formation politique en voie d’obsolescence rapide. Pendant trois cents pages l’auteur va donc multiplier les indicateurs de cette mort cérébrale du PCF. Tout commence par la rupture de l’Union de gauche (chap. I) et, surtout (le volume de pages l’indique) la chute du modèle soviétique. Un monde s’effondre (titre de la seconde partie). La tentative de Robert Hue d’engager une mutation se termine en impasse. Après un petit excursus sur la planète orthodoxe (quatrième partie), Andolfatto revient au chevet de l’agonisant pour décrire la phase finale, depuis l’accession de Marie-Georges Buffet au secrétariat général. Tous les indicateurs possibles sont mobilisés pour accréditer la thèse de la phase finale : les effectifs, la disparition des militants, les résultats électoraux, les liens avec la société civile (illustrée par les rapports avec la CGT), les comptes (après l’argent de Moscou, les fausses factures font l’objet d’un développement). Bref, l’agonie est bien avancée. Fort bien documenté (les fiches sont tenues à jour), ce livre serait nettement plus convaincant s’il était charpenté par une problématique un tantinet plus problématisée que celle du navire en train de couler. On voudrait en fournir deux illustrations. Le cas Robert Hue tout d’abord. Difficile de comprendre, avec la grille de lecture proposée, pourquoi et comment un pâlot bureaucrate de banlieue, formé au moule gris et terne des fonctionnaires du parti puisse précisément lancer la plus grande opération de rénovation de ce Parti. Comment l’hyper-conformisme génétique du PCF peut-il accoucher de la plus radicale des tentatives de mutation ? Le lecteur ne le saura pas. Seconde illustration des limites du modèle compréhensif mis en œuvre. Alors que le PCF est au ban de la société, selon l’analyse proposée, les résultats catastrophiques de l’élection présidentielle de 2002 contraignent la direction à lancer une souscription pour éponger la note. Et là, non seulement le PCF ne connaît pas la banqueroute, mais récolte les fruits d’une souscription d’un très fort montant. Andolfatto, conscient que l’argent des dessus de table ne saurait constituer l’explication même, ne peut s’empêcher d’ajouter que « La hauteur des fonds collectés par le parti laisse tout de même perplexe » (p. 260). Il convient alors que le PCF ne présente pas un encéphalogramme si plat que cela puisque « Face aux difficultés, tout un réseau de soutiens existe et peut-être mis à contribution », p. 260. Ce simple constat invalide largement la thèse sous-jacente de cet ouvrage. La question n’est pas, bien entendu, d’invalider le pronostic de la disparition plus ou moins rapide du PCF (ce qui, soit dit en passant, serait une première au monde), mais bien plutôt de s’interroger sur les raisons sociales, politiques et économiques qui permettent l’existence d’un parti se réclamant du communisme dans ce pays.

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Référence électronique

Georges Ubbiali, « Dominique Andolfatto, PCF, de la mutation à la liquidation, Monaco, Éditions du Rocher, 2005, 317 p. », Dissidences [En ligne], Communisme français, publié le 26 août 2012 et consulté le 20 avril 2024. URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=436

Auteur

Georges Ubbiali

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