Jeannine Verdes-Leroux, La foi des vaincus. Les "révolutionnaires" français de 1945 à 2005, Paris, Fayard, 2005, 528 p.

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Communisme

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Jeannine VERDES-LEROUX, La foi des vaincus. Les "révolutionnaires" français de 1945 à 2005

Jeannine VERDES-LEROUX, La foi des vaincus. Les "révolutionnaires" français de 1945 à 2005

Déjà auteure dans les années 80 de plusieurs études liées au mouvement communiste (Au service du Parti, Le réveil des somnambules), Jeannine Verdès-Leroux entend avec ce volumineux ouvrage faire la lumière sur la " vraie " nature du militantisme communiste, aussi bien sous sa forme canonique (le PCF) que sous ses incarnations hétérodoxes (castrisme, maoïsme et trotskysme). Mais d'emblée, le côté accusateur et sans nuance du propos interpelle le lecteur, et ce dès le titre : sans parler du terme subjectif et relatif de vaincus (par qui ? de quoi ?) et de la mise entre guillemets de révolutionnaires, celui de foi tend à accréditer l'idée selon laquelle " le communisme n'est pas de l'ordre d'une opinion politique " (p.62), ni d'un savoir, mais d'une croyance, avec tout ce que cela peut comporter d'aveuglement et de fanatisme, dépassant les qualités personnelles éventuelles. Certes, la comparaison avec la religion est utile, mais à condition de ne pas être exclusive et de s'appuyer sur des développements bien argumentés.

Or, trop souvent, Jeannine Verdès-Leroux donne l'impression de sélectionner ce qui l'intéresse dans son corpus pour le moins hétéroclite, voire partial, et surtout dénué de toute référence universitaire ou scientifique récente, ce qui l'entraîne à commettre erreurs et imprécisions, comme sur l'histoire du trotskysme (Mandel et Germain sont chez elle deux personnages différents, et Pierre Lambert accompagné de ses " fidèles " sortent du PCI en 1952 !)… Soucieuse d'aller à contre-courant de l'apologie des militants, elle s'efforce de dévoiler la sordide réalité masquée par des discours positifs et généreux, avec en filigrane la thèse bien connue selon laquelle Staline et le Goulag se situent dans la continuité de Marx et Lénine, le marxisme étant accusé d'avoir divisé l'humanité sous la forme de " pulsions meurtrières habillées de scientificité " (p.21) ; pourtant, oublier que l'Europe partie à la conquête du monde après 1492, parmi d'autres exemples, l'avait divisé et violenté bien avant montre tout ce que ce pseudo argument a de fallacieux.

Et on pourrait ainsi multiplier les citations, égrenées tout au long de remarques parfois pertinentes (sur la coexistence dans le PCF de révolutionnaires internationalistes et de communistes nationaux, ou sur la nécessité pour le communisme d'avoir des ennemis) et de pages parfois intéressantes, comme lorsque l'auteure cite des entretiens avec d'anciens militants (réalisés dans les années 80, cependant) et ressort de l'oubli des récits dithyrambiques et croustillants sur la " réalité " de la vie en URSS ou en Chine… Les militants, loin de l'image humaine du Maitron, sont ainsi accusés de fausse camaraderie, d'orgueil, de servitude volontaire, d'" indifférence à la vie humaine " (p.357) voire de haine de soi et de la vie, et l'idéologie communiste d'oublier l'homme réel, d'être emplie d'autosatisfaction, de supériorité et de violence… Le panel est vaste, mais pour le moins unilatéral ! C'est aussi ce qui permet à Jeannine Verdès-Leroux de tracer un parallèle entre communistes staliniens et trotskystes, comme pour leur " pratique destructrice " similaire, les derniers étant même jugés pires que les premiers.

Loin d'une étude d'histoire ou de sociologie, La foi des vaincus relève surtout, par ses jugements de valeur et sa tendance à l'accusation plutôt qu'à l'explication, du pamphlet politique, avec comme objectif de déconsidérer les révolutionnaires communistes actuels et leurs idées nocives. Les trotskystes qui, selon Jeannine Verdès-Leroux, restent fidèles aux idées trotskystes, tels ceux du CCI du PT, sont d'un passéisme dépassé, et ceux comme la LCR qui se révèlent plus ouvert à l'actualité sont accusés de démagogie ! On saisit tout ce que ce genre de raisonnement peut avoir de circulaire, d'autant qu'elle considère que des entretiens avec des militants trotskystes sont " infaisables " (p.371)… Plus que jamais, le besoin d'une approche dépassionnée et rigoureuse de l'extrême gauche communiste est patent.

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Jean-Guillaume Lanuque, « Jeannine Verdes-Leroux, La foi des vaincus. Les "révolutionnaires" français de 1945 à 2005, Paris, Fayard, 2005, 528 p. », Dissidences [En ligne], 2 | 2011, . URL : http://preo.u-bourgogne.fr/dissidences/index.php?id=205

Auteur

Jean-Guillaume Lanuque

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